Si Paris persiste à empêcher l'écoulement
en Europe des produits transgéniques améliorés,
Washington pourrait riposter.
Lionel Jospin arrive aux Etats Unis pour "expliquer
la France", - une tâche jamais aisée aux
Etats-Unis-, parler de son redressement économique,
de son gouvernement de gauche plurielle, de son rôle
en Europe et de son désir de dialogue constructif avec
une Amérique plus prospère que jamais. A Washington,
le premier ministre sera reçu par Bill Clinton et Al
Gore, c'est à dire presque comme un chef d'Etat. Il
logera par exemple avec son épouse à Blair House,
résidence voisine de la Maison Blache et généralement
réservée aux chefs d'Etat.
Durant ses entretiens en tête à tête avec
plusieurs membres de l'administration et du Congrès,
le premier ministre français entendra beaucoup parler
du contentieux commercial sur le maïs transgénique
quiirrite Washington. Tant que Paris refuse de publier les
arrétés nécessaires, les Americains sont
en effet frappés d'une interdiction d'exporter vers
l'Europe certains types de maïs transgéniques.
Bruxelles a pourtant donné son feu vert à l'entrée
de ces produits en Europe, mais faute de la publication par
la France des textes nécessaires, les Etats-Unis risquent
de perdre par exemple un contrat de vente de maïs de
200 à 250 millions de dollards dans la péninsule
Ibérique.
Pression des Ecologistes
Sous la pression des écologistes, Montignon tarde
à autoriser ces produits soupçonnés de
dangers potentiels assez al définis. Une conférence
de citoyens qui doit s'achever le 21 juin est censée
donner une indication à Matignon sur l'état
de préparation de l'opinion française à
une révolution agricole -les
produits transgéniques- qui aux Etats-Unis ne se heurte
à aucune opposition sérieuse.
On ne peut exclure des menaces de rétortions américaines
si d'ici à la fin du mois ce dossier n'est pas débloqué.
Au-delà des contrats immédiats que les Américains
pourraient perdre, c'est toute la question de l'attitude de
la France à l'égard des OGM qui inquiète
les Américains.
On ne comprend pas, ici, que la France, troisième
puissance agroalimentaire du monde, refuse de suivre des progrès
génétiques qui permettent de produire des denrées
plus riches en protéines, moins chères et avec
moins de pesticides.
Ce marché-là, toutes denrées confondues,
se chiffre en centaines de milliards de dollards. Les Américains
avec Monsanto et Du Pont sont les leaders de ce secteur, avec
le groupe suisse Novartis. Une fois de plus, la France se
retrouve accusée d'obstruction face aux grandes tendances
mondiales de la technologie et du commerce.
Washington - Pierre-Yves Dugua
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