A la demande du Ministère de la Santé, l'Agence
Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (AFSSET) rendra
prochainement un
avis sur les conséquences sanitaires de la téléphonie
mobile et de toutes
les nouvelles applications de télécommunications
sans fil. Nous espérons que
ce nouveau rapport ne sera pas encore une fois un moyen de
gagner du temps
en rejetant, sur un quarteron d'experts déconsidérés,
la responsabilité de
non-choix politique.
L'AFSSET a, par deux fois, publié un rapport sur le
sujet. Les biais
méthodologiques qui ont entouré l'élaboration
de ces rapports, dénoncés en
leur temps par nos associations, ont connu les honneurs d'une
enquête de
l'Inspection Générale de l'Environnement et de
l'Inspection Générale des
Affaires Sociales, dont les conclusions étaient particulièrement
acerbes.
L'enquête conjointe de l'IGE et de l'IGAS ciblait notamment
certains experts
sollicités par l'AFSSET dont l'un d'entre eux présidait
le comité d'experts
spécialisés sur le rapport de la téléphonie
mobile tout en étant également
membre du Conseil scientifique d'un opérateur et rémunéré pour
ce faire.
L'AFSSET a donc du annoncer le renouvellement de ses instances
scientifiques. Malgré nos multiples courriers adressés à la
Directrice de
l'AFSSET afin de connaître la procédure suivie,
nos lettres sont demeurées
sans réponse. Au-delà du manque de courtoisie
qui caractérise ces
non-réponses, c'est la volonté de transparence
de l'AFSSET qui est, de
nouveau, en cause et ce, d'autant qu'il apparaît que,
pour ce qui concerne
la composition du comité d'experts spécialisés « agents
physiques », dont
relève la téléphonie mobile, rien n'a été changé sur
le site de l'AFSSET.
Nous nous étonnons par ailleurs des propos tenus dans
le Parisien daté du 06
septembre dernier par Monsieur Gilles DIXSAUT, chef d'unité « Agents
physiques » de l'AFSSET, bien connu des associations
pour sa capacité à nier
jusqu'à la caricature tout risque sanitaire lié à la
téléphonie mobile. Ce
chef d'unité semble avoir un avis très arrêté,
alors même que le Ministère
de la Santé vient à peine de solliciter l'AFSSET
sur le sujet. De tels a
priori ne peuvent qu'entrainer de nouveaux biais méthodologiques.
Nous vous
demandons instamment de remplacer cette personne qui ne peut,
décemment, être le fonctionnaire
en charge de ce dossier au sein de l'AFSSET.
Le 3ème rapport que l'AFSSET va devoir produire, ne
devrait-il pas être
plutôt l'occasion d'afficher une véritable volonté de
rupture avec les
dysfonctionnements passés. Pour cela, plusieurs conditions
doivent être
remplies : le Comité d'experts spécialisés
qui sera constitué afin d'étudier
l'état des connaissances scientifiques devra être
représentatif de la
controverse scientifique existante et composé de chercheurs
incontestables,
non liés au secteur de la téléphonie mobile.
L'AFSSET ne devra plus négliger
la multiplication des études internationales préoccupantes,
publiées dans
des revues à comité de lecture. Le rapport du
BioInitiative que viennent de
publier une quinzaine de scientifiques internationaux dont
la réputation n'est plus à construire, nous apporte
la preuve de l'existence de capacités d'expertise hors
de nos frontières.
Ceci vous permet de renouveler
complètement des instances d'expertise largement déconsidérées.
Alors qu'un certain nombre d'industriels profitent d'une absence
réglementaire pour commercialiser des portables à des
très jeunes enfants ou
encore des portables compatibles Wifi/GSM/UMTS, Agir pour l'Environnement
et
Priartém attendent de l'AFSSET une expertise irréprochable,
transparente,
contradictoire et indépendante.
Nous jugeons que toute nouvelle entorse à la déontologie
scientifique qui
doit dicter une approche rigoureuse serait fatale à l'Agence
Française de
Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail.
A ce titre, nous
souhaiterions pouvoir vous rencontrer afin d'envisager une
implication
pleine et entière des associations que nous représentons.
Vous remerciant par avance de la réponse que vous ne
manquerez pas de nous
faire parvenir, nous vous prions d'agréer, Monsieur
le Président, l'expression de nos courtoises salutations.
Janine LE CALVEZ, Présidente de Priartém
Stéphen KERCKHOVE, Délégué général
d'Agir pour l'Environnement

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