Il est des résultats électoraux qui illustrent
une réalité que de longs discours ne sauraient
mettre en lumière. La poussée des écologistes
dans un grand nombre de pays européens marque une prise
de conscience qui ne peut que nous emplir de joie. Joie d’autant
plus grande qu’en période de crise économique
et sociale, un réflexe bien naturel aurait pu entrainer
certains électeurs à choisir entre sauvegarde
de l’emploi et protection de l’environnement,
privilégier le quantitatif aux dépends du qualitatif.
Le score des écologistes démontre au contraire
que les vieilles oppositions entre environnement et développement,
économie et écologie ont vécu. Désormais,
les responsables politiques nationaux et européens
devront accepter que les crises ne soient plus traitées
de façon parcellaire et arbitraire ; qu’au contraire
elles interagissent et s’amplifient l’une l’autre
et qu’elles doivent donc faire l’objet d’un
traitement systémique.
A ce titre, les plans de relance impulsés par l’Etat
français versant des sommes faramineuses à des
acteurs économiques sans que cet argent public soit
le moins du monde conditionné au respect d’objectifs
écologiques sont une formidable occasion manquée
d’encadrer un marché qui n’a pas fait la
preuve irréfutable de sa lucidité et de sa clairvoyance.
La main invisible du marché continuera donc à
étrangler notre planète et notre climat.
Bien qu’il soit toujours malaisé d’expliquer
un vote et un résultat électoral, il nous faut
constater qu’il existe désormais une aspiration
des citoyens européens à l’action et à
la mise en œuvre de réglementations écologiques.
Les propos fumeux et belles promesses toujours remises à
des lendemains qui chantent de plus en plus faux ne font plus
guère illusion. A titre d’exemple, le Grenelle
de l’environnement qui a pu faire naître un espoir
se solde par une multiplication des projets anti-écologiques
: nucléaire, pesticide, autoroutes, antennes relais,
incinérateurs… cette liste malheureusement non-exhaustive
est la preuve concrète d’un double-discours de
la puissance publique qui semble être devenu une deuxième
nature.
A contrario, les électeurs semblent avoir choisi d’envoyer
au Parlement européen des député-es qui
ne se payent pas de mots et dont la crédibilité
a été acquise dans l’action militante
et non sur les seuls plateaux de télévision.
La victoire de la mobilisation citoyenne est une première
étape qu’il s’agit désormais de
transformer pour lui donner une consistance durable. Nous
y sommes prêts !
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