Rumeurs infondées ou bruits savamment orchestrés,
l’arrivée de Claude Allègre au sein
du Gouvernement en tant que ministre de l’industrie
semble devenir de jour en jour, si ce n’est une réalité,
à tout le moins une option suffisamment sérieuse
pour qu’elle nous amène à réagir
publiquement.
Respectueux des institutions républicaines, nous
reconnaissons au Chef du Gouvernement le droit le plus absolu
de nommer, en conscience, quiconque comme bon lui semble.
Mais nous avons la faiblesse de penser qu’à
ce droit doit être accolé un devoir, celui
d’écouter les représentants de la société
civile que nous sommes. Nous sommes en effet fondés
à nous inquiéter de cette arrivée qui
représente bien plus qu’un coup politique.
Si une critique ne peut être faite à Claude
Allègre, c’est bien celle de cacher ses options
idéologiques qui l’ont amené à
défendre des orientations politiques que nous avons
considérées et considérons encore comme
passablement surannées. Le caractère fort
peu diplomatique des propos et écrits de cet ancien
ministre de l’Education nationale - que d’aucun
jugerons comme de la sincérité - n’ont
pas seulement provoqué l’ire de la communauté
enseignante.
Des organismes génétiquement modifiés
au nucléaire, du climat à l’amiante
en passant par la controverse relative à la téléphonie
mobile, Claude Allègre est devenu l’archétype
du mammouth de l’écologie, une sorte d’antithèse
du Grenelle qui semble avoir pris un malin plaisir à
provoquer le milieu écologique à l’aide
de formules qu’un Georges W Bush ne récuserait
pas le moins du monde.
Après avoir longtemps nié la responsabilité
humaine dans le dérèglement climatique, Claude
Allègre s’est également donné
pour mission de venter les mérites de la transgénèse
appliquée à l’agriculture hexagonale.
La rumeur selon laquelle Claude Allègre prendrait
la tête d’un grand ministère de l’Industrie
nous interroge quant à la cohérence à
rechercher dans l’action d’un Gouvernement qui
met au centre de son discours le développement durable,
tout en nommant potentiellement un ministre qui représenterait
ce qu’il y a de plus archaïque en matière
écologique.
Alors que les associations constatent que l’urgence
écologique fait face à l’attentisme
du Gouvernement, que ce dernier aura mis plus de deux ans
à adopter la moindre loi sur l’environnement,
que les mots semblent palier l’absence d’actions
réelles et sérieuses, l’arrivée
de Claude Allègre est au mieux incohérente,
au pire le retour d’un refoulé ante-grenellien.
La crise économique semble amener le Gouvernement
à opter pour les vielles recettes productivistes
qui nous ont pourtant conduits à cette crise…
A ce titre, Claude Allègre incarne jusqu’à
la caricature cet art de faire de la politique à
l’aide de dogmes et certitudes scientistes contestables
et contestées. C’est ainsi que Claude Allègre
fut l’une des dernières personnalités
internationales à refuser les conclusions du Groupement
International des Experts sur le Climat ! Représentera-t-il
la France dans la grande négociation internationale
sur le Climat qui aura lieu en fin d’année
à Copenhague ?
Il va de soi que pour nous l’écologie et la
défense de l’environnement valent mieux qu’un
coup politique. Les crises écologiques, promotrices
de crises économiques et sociales sont des choses
bien trop sérieuses pour que le Chef de l’Etat
nous rejoue un énième épisode de cette
fausse ouverture politique et ce sur le dos de l’écologie.
Allègre ou le Grenelle… pour nous, il faut
donc choisir !
