PARIS - Les lumières artificielles rendent la nuit
de moins en moins noire, un vrai problème pour les
hiboux et les astronomes et un gâchis énergétique,
déplorent des associations qui organisent samedi
de nombreux événements en France afin de sensibiliser
le public à la "pollution lumineuse".
Pour cette première édition du "Jour
de la nuit", plus de 300 animations sont prévues
- observation des étoiles, extinction des lumières
dans les lieux publics, ballades nocturnes dans la nature,
soirées-débat, selon l'ONG Agir pour l'environnement,
coordinateur de l'événement.
Quelque 150 villes, dont Lyon, Nancy, Rouen, Lille, Bordeaux
ou Annecy, se sont engagées à éteindre
une partie de leur éclairage public à cette
occasion.
Il s'agit de mettre "un coup de projecteur" sur
cette nouvelle forme de pollution qui a crû de 30%
en dix ans, explique Agir pour l'environnement.
Parmi les organisateurs, figurent également l'Association
des maires de France (AMF), l'Association française
d'astronomie, l'Association pour la protection du ciel et
de l'environnement nocturnes (ANPCEN) et la Fédération
des parcs naturels régionaux.
Ce premier "Jour de la nuit" s'inscrit dans le
cadre de l'Année mondiale de l'astronomie et coïncide
avec "Les Nuits Galiléennes" d'observation
des étoiles les 23 et 24 octobre organisées
par l'Observatoire de Paris sur les sites de Paris et Meudon.
Selon l'atlas mondial Cinzano de la clarté artificielle
du ciel nocturne, les halos lumineux progressent de 5% par
an en Europe et masquent aujourd'hui la vision de 90% des
étoiles dans les métropoles.
Ainsi, l'alternance jour/nuit s'estompe peu à peu,
l'obscurité s'éclaircit, créant un
effet de voile qui efface insidieusement la voûte
céleste et fragilise la faune nocturne.
Les oiseaux migrateurs, habitués à se diriger
avec les étoiles, sont attirés par les halos
lumineux et sont désorientés par les phares
en mer.
De nombreux insectes sont menacés: attirés
par la lumière, ils viennent griller vifs sur les
luminaires ou deviennent des proies faciles pour leurs prédateurs.
Chauve-souris et hiboux désertent les clochers qui
restent éclairés la nuit.
Quant aux astronomes, ils sont obligés de s'éloigner
de plus en plus des villes pour échapper au brouillard
lumineux qu'elles diffusent et retrouver un peu de ciel
noir dans lequel on distingue plus facilement les étoiles.
Aujourd'hui, ils privilégient des sites situés
le plus loin possible des zones habitées, sur la
cordillère des Andes au Chili, ou à Hawaï.
Et le gâchis énergétique est réel:
l'Agence de l'Environnement et de la maîtrise de l'énergie
(Ademe) estime qu'on pourrait faire environ 40% d'économies
sur les dépenses d'éclairage public en modifiant
quelque peu les installations actuelles.
L'événement qui coïncide avec le passage
à l'heure d'hiver dans la nuit du 24 au 25 octobre,
sera l'occasion d'alerter l'opinion publique sur la nécessité
d'économiser l'énergie, à quelques
semaines du sommet des Nations Unies sur le climat à
Copenhague.
De son côté, l'Onu étudie sérieusement
l'idée de classer le ciel étoilé comme
"patrimoine commun de l'humanité".
En France, le Pic du Midi et son observatoire dans les
Pyrénées ambitionne de devenir le premier
site européen labellisé "réserve
de ciel étoilé".