Elles mettent de l'ambiance. Mais elles coûtent cher
et consomment de l'énergie. Cette année, c'est
net : les communes lèvent le pied.
Réagissez : faut-il éteindre les illuminations
de Noël ?
«
Il y a quelques années, on nous aurait traité de
pisse-froid. Là, on sent une prise de conscience.
Les choses bougent. » Président d'Agir pour
l'environnement, le Rennais Dominique Bernard affiche la
satisfaction du sportif qui sent le match basculer. Avec
un collectif d'organisations écologistes, il milite
pour que les villes mettent la pédale douce en matière
d'illuminations de fin d'année. Pour la première
fois, il a le sentiment d'être entendu.
Les arguments des écologistes ? « Ces illuminations
sont un pousse-au-crime. Elles font croire que l'énergie
est gratuite, qu'on peut y aller », dénonce, à Nantes,
Bernard Courbot, militant de Greenpeace. Lui non plus ne
veut pas passer pour un « rabat-joie ». Mais
il dénonce « les tonnes de CO2 supplémentaires
dans l'environnement. Car, l'hiver, le nucléaire ne
suffit pas et on fait tourner les centrales thermiques, pétrole
et charbon ».
250 mètres de guirlande, c'est 300 watts
Démonstration sur le cours des Cinquante-Otages,
en plein centre-ville. Il montre quatre arbres qui clignotent
en rouge et vert. « Environ 250 m de guirlande, à peu
près 300 watts. » Dans une rue adjacente, au-dessus
des voitures et des piétons, un motif de cloches et
de gerbes : « Dans les 200 watts ». Un peu plus
loin, un « rideau » de trois mètres sur
deux : « 500 watts ».
Les ampoules utilisées sont des « led », à basse
consommation, dix fois moins gourmandes en électricité que
celles à incandescence. Mais à Nantes, pourtant
très raisonnable, les illuminations représenteraient
100 kW de puissance instantanée. Or, rappelle Dominique
Bernard, « 1 kW/h équivaut à une production
de 600-700 g de CO2. »
« Au départ, c'était une idée
sympa d'illuminer les villes. Mais elle a dérivé quand
les particuliers s'y sont mis, il y a quatre ou cinq ans. » Ah,
ces concours d'illuminations, bêtes noires des écologistes
! Ils ont beau employer, eux aussi, de plus en plus de lampes « led », « le
bilan reste négatif car leur fabrication consomme
beaucoup d'énergie », assure Bernard Courbot.
Une semaine de moins
Cesson-Sévigné, en Ille-et-Vilaine, fait partie
des nombreuses villes qui ont décidé de « lever
le pied », comme le dit son maire, le socialiste Michel
Bihan. Cette commune de 17 300 habitants aux portes de Rennes,
a dépensé l'an dernier 20 000 € pour faire
briller la Noël. Cette année, l'élu s'attend à une
facture allégée : « On a réduit
d'un tiers le périmètre des illuminations ».
Pour la première fois, tout le matériel -
loué - est en « led ». Surtout, la commune
a mis fin au concours des maisons décorées. « Les
participants en mettaient de plus en plus. Il fallait mettre
fin à cette surenchère », explique l'élu.
Cesson n'est pas un cas isolé. Un peu partout, les
communes réduisent la toile. À Tourlaville,
près de Cherbourg ou Alençon, les illuminations
dureront une semaine de moins. À Saint-Brieuc, elles
ne démarreront que le 15 décembre.
À Saint-Malo, elles seront allumées une demi-heure
plus tard, le matin. Coupées une demi-heure plus tôt,
le soir. « Il y a une forte attente de la population.
Elles sont indispensables : pas de Noël sans elles »,
assure pourtant Dominique Taillandier, adjointe au maire.
Ainsi, le concours de maisons illuminées continue. « Mais
on s'interroge ».
À Laval, visite guidée
Dans l'Ouest, il y a surtout Laval pour poursuivre sur le
même pied. Mais ici, on est bien loin d'un simple embellissement
festif. Créées il y a quatorze ans pour animer
le commerce, les « Lumières de Laval » sont
devenues un événement touristique, qui attire
des visiteurs depuis les départements voisins. « On
a même mis en place un circuit avec visite guidée
et dégustation de tartiflette pour la clientèle
autocariste », détaille Jean-François
Blot, directeur de l'Office de tourisme.
Pour ses Lumières 2009, sur le thème de l'Orient,
Laval s'apprête à dépenser 240 000 €. « Mais,
plaide-t-il, chaque euro investi en rapporte cinq à l'économie
locale ».
Marc MAHUZIER.
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