Mardi 18 mai 2010, le CIRC – Centre International
de Recherche sur le Cancer – rend public les résultats
de l’étude globale du programme Interphone
sur les gliomes et les méningiomes. La publication
des résultats concernant les neurinomes de l’acoustique
et les tumeurs des glandes salivaires est repoussée à plus
tard. Le même jour The International Journal of Epidemiology
doit mettre en ligne, sur son site, l’article scientifique
lui-même. Il aura donc fallu attendre dix ans pour
voir publier des résultats partiels annoncés,
au départ pour la fin de l’année 2003
!
Dans le dossier de la téléphonie mobile,
un tel retard dans une publication a toujours un sens,
et toujours le même sens : il s’agit toujours
pour les représentants du lobby des opérateurs
de minimiser des résultats qui gênent. Ce
qui se confirme, une fois encore dans le cas présent.
En,
effet, selon les informations dont nous disposons, le compromis
sur lequel se sont mis d’accord les
différents chercheurs du « Groupe Interphone »,
après des années de tractations, conclurait à… l’impossibilité de
conclure ! Arguant de biais de collectes et de limites
méthodologiques, les défenseurs du « pas
de problème » ont réussi à minimiser
les résultats essentiels qui ressortent clairement
des chiffres publiés : l’utilisation durable
et intensive du portable accroît très significativement
les risques de gliome et, dans une moindre mesure, les
risques de méningiome (pour le décile supérieur
OD – odds ratio - de 1,4 pour le gliome et de 1,15
pour le méningiome, avec, dans les deux cas, un
coefficient d’incertitude de 95%).
Priartém et Agir pour l'Environnement regrettent
que la présentation des résultats permette,
une fois de plus, de brouiller le message, même si,
dans sa communication, le CIRC rappelle que :
- les résultats aujourd’hui publiés
correspondent à des données recueillies au
début des années 2000 à une période
où les usages du portable étaient très
différents et beaucoup moins intensifs : la médiane
d’utilisation se situe à 100 heures cumulées
depuis le premier appel, ce qui est très peu ; la
médiane mensuelle se situant elle entre 20 heures
et 22 heurs et demi ;
- l’échantillon retenu était exclusivement
composé d’adultes alors même que l’on
sait que les plus gros utilisateurs sont aujourd’hui
les adolescents voire les pré-adolescents.
Tous éléments qui ne peuvent que contribuer à une
sous-estimation du risque réel. Le CIRC s’appuie
d’ailleurs sur ces limites pour prôner de nouvelles
recherches.
Depuis 2005, date des premières publications des
contributions nationales à Interphone, il est apparu
une constante : Une utilisation intensive et durable du
portable engendre une augmentation statistiquement significative
des risques de gliome et de méningiome (résultats
suédois, allemands, israéliens, français…).
Les résultats que s’apprête à rendre
publics le CIRC viennent confirmer cette hypothèse.
Réussira-t-on, à l’aide d’arguments
de biais et de limites à retarder les prises de
décision politiques qui s’imposent en matière
de protection des populations.
A la lecture de ces résultats définitifs,
les associations demandent la mise en œuvre de mesures
réglementaires de protection, notamment des populations
les plus fragiles et des adolescents.
