Stéphen Kerckhove, délégué
général d'"Agir pour l'Environnement"
revient sur les orientations retenues par le gouvernement
à l'issue du Grenelle des ondes. Des propositions
jugées "très insuffisantes" par
l'association, qui a décidé de suspendre sa
participation au Comité de suivi, qui doit désormais
prendre le relais.
Les Echos : Pour quelles raisons dénoncez-vous les
propositions avancées par le rapport du "Grenelle
des ondes" et retenues par le gouvernement ?
Stéphen Kerckhove : Nous sommes venus et avons
pris part aux tables rondes organisées par le ministère
de la Santé avec l'ambition de peser sur les discussions.
Mais après la remise du rapport, nous avons le sentiment
que nous n'étions là que pour remplir le vide
de ce débat. Nous nous sommes clairement rendus compte
qu'on ne comptait pas sur nous et nous avons été
confinés à la marginalité. De plus,
la synthèse finale est très en deçà
des ambitions initiales et des espoirs qu'a fait naître
ce rendez-vous. Au fur et à mesure des débats,
il y a eu une érosion des ambitions de ce Grenelle
des ondes qui n'en a d'ailleurs que le nom ! En cela, nous
sommes non seulement déçus mais également
en colère face à cet attentisme. Ils n'ont
fait que 10% du chemin !
Ce rapport présente-t-il néanmoins des avancées
?
Ce Grenelle des ondes a eu un intérêt essentiel
: les débats ont permis de remettre en cause certaines
certitudes officielles, notamment sur les antennes relais.
Il y a également la reconnaissance d'une incertitude
au niveau des portables, préalable nécessaire
à l'activation du principe de précaution.
La synthèse finale reconnaît formellement que
la téléphonie mobile est un risque émergent,
à gérer comme tel. Il y a enfin eu des avancées
en ce qui concerne le processus en lui-même, avec
l'organisation de tables rondes réunissant les différents
acteurs du secteur, bien que le caractère non contradictoire
ait nui aux résultats finaux...
La mesure phare de ce rapport est l'interdiction de l'usage
du portable à l'école primaire. Êtes-vous
favorable à cette proposition ?
Parmi nos propositions, nous militions pour l'interdiction
de la commercialisation de téléphones mobiles
pour les enfants de moins de 14 ans. La synthèse
a abaissé cet âge aux enfants de moins de 12
ans, les ministres se sont prononcés pour une interdiction
aux enfants de moins de 6 ans, et l'amendement final fixe
cet âge à 10 ans. Mais ce texte porte simplement
sur l'usage des téléphones mobiles, qui est
beaucoup plus difficile à contrôler que la
commercialisation !
Qu'allez-vous faire désormais ?
Nous allons immédiatement prendre rendez-vous avec
la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, pour
vois s'il n'y a pas méprise. Si ce n'est pas le cas,
nous retournerons vers les riverains et les élus
locaux, dont la déception est au moins aussi grande
que la nôtre, pour organiser une nouvelle mobilisation,
afin d'obtenir de véritables mesures de précaution.
PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN POMPEY, Les Echos
