Faisant suite à des décisions de justice condamnant
les opérateurs de téléphonie mobile à démonter
des antennes relais, le lobby du portable active l’ensemble
de ses relais pour tenter d’éteindre l’incendie
qui couve à proximité des 100.000 antennes relais.
Toutes plus infondées les unes que les autres, les assertions
de l’Académie de médecine ou de l’association
françaises des opérateurs mobiles (AFOM) semblent
uniquement dictées par la volonté de préserver
les intérêts bien compris des trois gros opérateurs.
Force nous est pourtant de constater qu’à ce jour,
la plus grande incertitude règne en matière d’expertise
scientifique. Le doute devrait ainsi dicter la posture de tout
scientifique qui se respecte. Or, les certitudes fusent de
la part d’experts qui, du haut de leurs incantations,
admonestent celles et ceux qui osent remettre en cause des
affirmations qui n’ont de scientifiques que le nom.
Il nous faut donc revenir une fois encore aux arguments développés
par le lobby afin d’y cerner le vrai du faux. Plus de
1400 études auraient été menées
par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
sur les ondes radios et n’auraient pas permis d’établir
un lien de causalité entre une exposition chronique
et des effets sanitaires potentiels. L’AFOM aime à rappeler
qu’à l’aune de ces 1400 études, il
n’y a pas lieu de réglementer ce secteur, notamment
en baissant sensiblement les seuils d’exposition des
riverains d’antennes relais. Etonnamment, cette association
regroupant les industriels du secteur oublie de rappeler que
ces 1400 études concernent les ondes radios et non celles
générées par la téléphonie
mobile. Les fréquences ne sont pas les mêmes et
les effets non plus. Scientifiquement, la rigueur devrait nous
amener à réclamer des études spécifiques
en matière d’exposition aux ondes de la téléphonie
mobile. Mélanger les ondes radios et celles de la téléphonie
mobile s’apparente ainsi à une piètre manipulation
dont les ficèles sont un peu grosses…
L’OMS s’est pourtant attachée à étudier
l’impact d’une exposition chronique du téléphone
portable sur certains types de cancers. Après 10 ans
d’utilisation, le programme Interphone, coordonné par
l’OMS, laisse à penser qu’il existerait
une augmentation statistiquement significative de certains
types de cancers. Que faut-il en conclure ?
Que là où des études sont menées,
les scientifiques ont l’inquiétude de constater
des effets biologiques ou sanitaires. Qu’au regard de
la généralisation de cette technologie et du
peu de recul dont nous disposons, la plus grande incertitude
règne. Que certains scientifiques ainsi que certains
politiques ayant fixé les normes françaises laxistes
que nous dénonçons entretiennent des liens plus
qu’étroits avec le secteur de la téléphonie
mobile.
Que paradoxalement, les opérateurs ne cessent de répéter
qu’à l’aune des très faibles niveaux
d’exposition mesurés à proximité des
antennes relais, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Mais, dans le même temps, ces mêmes opérateurs
font feu de tout bois pour garder une réglementation
fixant des niveaux de champs électromagnétiques
les plus élevés au monde, à savoir 41
et 58 volts par mètre, là où certaines études
font apparaître des effets biologiques dès 0,6
V/m !
Ce n’est pas rendre service au secteur de la téléphonie
mobile que de maintenir des normes qui s’apparentent à un
chèque en blanc permettant à des opérateurs
d’installer des antennes relais à moins d’un
mètre d’une école. L’inquiétude
que les élus locaux doivent gérer maladroitement
et ce sans véritable outil réglementaire doit être
gérée politiquement. Des solutions techniques
existent permettant aux opérateurs de développer
un réseau de téléphonie mobile qui tienne
compte de la santé des riverains. Ces solutions, certes
plus couteuses, peut voir le jour si le Gouvernement le souhaite.
Le Grenelle de la téléphonie mobile qui aura
lieu le 26 mars prochain doit être un lieu de débat
sans a priori. La lettre de mission que le premier Ministre
a envoyée à la ministre de la Santé semble
fermer le débat en annonçant d’emblée
qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter
sur les antennes relais, laissant penser que le Gouvernement
annonce les conclusions de ce Grenelle avant même qu’il
ait eu lieu. Pour nos associations, une telle attitude ne fera
qu’accroître l’inquiétude et la détermination
des riverains à obtenir une réglementation qui
sache s’absoudre de toutes pressions émanant du
lobby de la téléphonie mobile.
Que l’Académie de médecines, Martin Bouygues
ou tout autre lobbyiste cherchent à préserver
une réglementation rédigée par et pour
le secteur de la téléphonie mobile est dans l’ordre
(ultralibérale) des choses. Que le Gouvernement fonde
son analyse sur les mêmes assertions mensongères
nous inquiète. Si nous souhaitons participer à ce
Grenelle de la téléphonie mobile, ce n’est
pas pour faire de la figuration. Nous comptons peser de tout
notre poids pour que la santé des riverains passe avant
le lobbying des opérateurs.
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