Rien ne prouve la nocivité des antennes-relais installées
partout en France par les opérateurs de téléphonie
mobile. Rien ne prouve leur innocuité, non plus. C'est
le constat, un peu désespérant, du remarquable
documentaire de Sébastien Deurdilly diffusé dimanche
25 janvier sur France 5.
On ne voit ni n'entend les ondes électromagnétiques
produites par ces antennes. Il faut lever la tête,
en ville, pour les distinguer sur les toits. La plupart des
gens n'y accordent aucune attention. Mais certains s'inquiètent
de leurs effets possibles sur la santé. Les parents
d'élèves de l'école Gerson, à Lyon,
protestent ainsi, banderoles à l'appui, contre la
puissante antenne-relais installée par Bouygues Telecom
sur le toit d'un immeuble à proximité immédiate
de l'école. Ils exigent son démantèlement,
sans succès jusqu'ici. Les copropriétaires
de l'immeuble sur lequel est installée l'antenne font
le dos rond. Ils se sont engagés, par contrat, à ne
pas révéler le montant du loyer annuel que
leur verse Bouygues Telecom. Renseignement pris, celui-ci
s'élève à 9 000 euros. Un des arguments
qui les a convaincus, au moment de l'installation de l'antenne, était
qu'il fallait de toute façon en poser une dans le
quartier et que, s'ils refusaient, la manne irait à d'autres...
Dans les villes, les copropriétaires sont de plus
en plus réticents.
Du coup, les opérateurs choisissent de préférence
les logements sociaux, nettement moins regardants. Et puis,
dans ce cas, l'interlocuteur est unique. Pas besoin de convaincre
une assemblée générale de copropriétaires
! "De très nombreux HLM, dès lors qu'ils
ont neuf ou dix étages, se retrouvent avec une antenne
collée sur leur toit. Beaucoup plus que les immeubles
ordinaires ! On est dans un domaine où inégalité sociale
et inégalité environnementale se rejoignent.
En gros, ce sont les pauvres qui s'en prennent le plus dans
la gueule en matière de champ électromagnétique",
explique un élu Vert de Paris.
Le comble est peut-être cet immeuble parisien qui
ne compte pas moins de neuf antennes sur son toit, à raison
de trois pour chacun des opérateurs, Bouygues, SFR
et Orange. De nombreux habitants se plaignent de maux de
tête, sifflements dans les oreilles, insomnies.
Les cas de cancer y seraient plus fréquents qu'ailleurs...
Ces arguments sont balayés d'un revers de la main
par Emmanuel Forest, vice-président de Bouygues Telecom.
Il habite lui-même à proximité immédiate
d'une antenne-relais (installée par la concurrence)
et ne ressent rien de semblable. Il donne l'exemple de riverains
qui se sont plaints de maux de tête alors qu'une antenne
avait été montée mais pas encore mise
en service. Il y a pourtant un indice inquiétant.
Depuis 2001, les compagnies d'assurance refusent d'assurer
les opérateurs de téléphonie mobile
contre les risques sanitaires qu'ils font courir à leurs
clients. Elles s'appliquent à elles-mêmes, comme
on voit, le principe de précaution.
Dominique Dhombres
