Paris, le 16 décembre 2008 : quelques jours après
l'annonce d'un placement de 60 millions d'euros bloqués
dans un paradis fiscal par Eco-emballages, la Commission
consultative d'agrément de l'éco-organisme
se réunit aujourd'hui pour se prononcer sur son bilan
d'activité. Pour Agir pour l'environnement, les Amis
de la Terre et le CNIID, ce scandale financier est avant
tout la conséquence de l'absence flagrante de contrôle
et de régulation de l'Etat aptes à encadrer
l'action des éco-organismes.
Plusieurs dizaines de millions d'euros auraient été placés
par Eco-emballages auprès de deux fonds à risques
domiciliés aux îles Caïmans, qui ne sont
pas en mesure de restituer les fonds à cause du contexte
financier actuel, selon le journal Challenges. Cela fait
plus de 6 mois qu'Eco-emballages tente de récupérer
ces 55 à 60 millions d'euros : cet argent semi-public
contribuant à une mission d'intérêt général
car destiné à financer les collectivités
pour la collecte sélective des déchets, se
trouve menacé.
Cette gestion financière répréhensible
révèle des problèmes de mauvaise gouvernance
d'Eco-emballages, et toute l'ambiguïté d'un éco-organisme
qui tente de mener une mission d'intérêt public
tout en ménageant les intérêts de ses
actionnaires, juges et parties : conditionneurs, géants
de l'agroalimentaire et grande distribution. Au lieu de financer
davantage les collectivités qui font plus de collecte
sélective et de soutenir les actions de réduction
des déchets, Eco-emballages fait gonfler sa trésorerie
dans des paradis fiscaux, dont les revenus serviraient à protéger
les industriels d'une augmentation de leur contribution financière.
Selon Clara Osadtchy d'Agir pour l'environnement, « cette
situation est révélatrice des conflits d'intérêt
qui se posent. Le statut même de société privée
et le profil de ses actionnaires (Danone, Coca cola, Nestlé..)
contreviennent à une mission d'intérêt
public sur lequel l'Etat n'a paradoxalement aucune prise ».
Pour Claude Bascompte des Amis de la Terre, « ce scandale
financier n'est que l'un des dysfonctionnements de cette
structure : soutiens importants en attente de redistribution,
contributions des producteurs peu incitatives pour favoriser
la prévention, résultats de recyclage décevants. »
Agir pour l'environnement, les Amis de la Terre et le CNIID
demandent donc au ministère de l'écologie de
couper court d'urgence à cette crise en mettant en
place une instance de régulation publique, indépendante
des commissions déjà formées, possédant
son propre budget et ayant un pouvoir de contrôle et
de sanction des éco-organismes.
La démission du directeur général
d'Eco-emballages, annoncée dimanche était
une condition indispensable mais loin d'être suffisante
pour envisager le maintien de l'activité de cet éco-organisme.