Madame la Députée, Monsieur le Député,
En tant que représentant du peuple français,
vous allez prochainement avoir la responsabilité de
transposer dans le droit français la directive européenne
2001/18 relative à la dissémination des OGM
dans l’environnement. En définissant les règles
de coexistence entre les filières OGM, conventionnelle
et biologique et en fixant des seuils de contamination
génétique « acceptables », vous
allez légitimer une pollution irréversible
et auto-multiplicatrice.
Les conclusions du récent rapport de la Mission
d’information parlementaire sur les OGM laissent
craindre des mesures législatives laxistes reposant
sur une vision étriquée de l’environnement
et de l’agriculture. Par de telles mesures, les firmes
mettant les OGM sur le marché seraient exonérées
de toute responsabilité en cas de dommage.
Il nous semble donc essentiel de reconnaître la
primauté du droit à des systèmes agraires
traditionnels et de qualité sur le droit à la
pollution génétique. La responsabilité d’éventuels
dommages ne saurait reposer sur les seuls cultivateurs
d’OGM. Pour éviter une dilution des responsabilités
en la matière, la loi doit reconnaître la
responsabilité civile et pénale, première
et illimitée, des semenciers qui mettent les OGM
sur le marché. Parallèlement à la
responsabilisation de ce secteur, les obtenteurs, qui prennent
le risque délibéré de disséminer
des constructions génétiques hasardeuses,
doivent être à même de produire une
attestation d’assurance, préalablement à tout
dépôt d’un dossier d’autorisation
devant la Commission du Génie Biomoléculaire.
La fixation de seuils de pollution génétique
considérée par certains comme « acceptables »,
notamment pour les filières biologiques et pour
les semences ainsi que l’absence d’étiquetage
des produits d’animaux nourris avec des OGM évoqué au
niveau communautaire seraient, à cet égard,
totalement inacceptables.
Par ailleurs, nous redoutons la possibilité que
se réserve actuellement le Gouvernement de légiférer à coup
d’ordonnances, muselant par là même
l’expression démocratique émanant des
parlementaires. Ce déni de démocratie viendrait
s’ajouter aux multiples procédures judiciaires
tentant d’intimider les Présidents de régions,
de départements ou les Maires des communes adoptant
des vœux et arrêtés à l’encontre
de la dissémination d’OGM sur leur territoire.
Cette délégation de pouvoir risquerait d’accroître
un peu plus la défiance des citoyens à l’égard
de leurs représentants, défiance qui se traduirait
immanquablement par une multiplication des mobilisations
anti-OGM. Au lieu d’imposer une omerta biotechnologique,
nous réclamons le respect des décisions des élus
locaux et régionaux, la tenue de référendums
locaux ou régionaux, voire d’un référendum
national sur la dissémination d’OGM dans l’environnement,
seules procédures démocratiques à même
de permettre aux citoyens d’être consultés
et écoutés sur ce sujet controversé.
Vous remerciant par avance de l’attention que vous
voudrez bien porter à cette Lettre ouverte, nous
vous prions d’agréer, Madame la Députée,
Monsieur le Député, l’expression de
nos sentiments distingués.
