Pesticides et abeilles : arrêtez le massacre !

Communiqués de presse

Deux nouvelles études, publiées le 29 mars dans la revue Science, démontrent la responsabilité directe des pesticides de la famille des néonicotinoïdes dans la mortalité des abeilles domestiques et des pollinisateurs sauvages. Il n'est plus admissible que ces produits continuent à être utilisés pour traiter les semences et les plantes cultivées.

Depuis plusieurs années, les apiculteurs avaient remarqué que les abeilles qui butinent des champs traités par les néonicotinoïdes (Gaucho, Cruiser, Proteus...) sont désorientées, ne retrouvent pas leur ruche et meurent massivement. Depuis plusieurs années, les promoteurs de ces pesticides extrêmement rémanents (ils peuvent se retrouver dans les repousses un an après leur application !) prétendaient prouver par des expérimentation « hors-sol » fantaisistes que les apiculteurs se trompaient. Quelques théoriciens réductionnistes exprimaient ainsi un mépris du savoir paysan, et osaient nier les observations de terrain. Ils viennent de recevoir un démenti cinglant à travers deux expériences scientifiques indépendantes.

D'une part, une équipe d'agronomes français a démontré que les abeilles ayant butiné des plantes traitées par les néonicotinoïdes perdent bel et bien leurs repères, et qu'un nombre considérable d'entre elles (10 à 30 %) ne retrouvent plus leur ruche et meurent. D'autre part, une équipe de biologistes écossais a établi que les bourdons (pollinisateur essentiel pour de nombreuses cultures agricoles) confrontés à des plantes traitées par ces molécules se développent nettement moins bien et perdent jusqu'à 85 % de leurs reines, ce qui peut signifier une baisse de 85 % des nids l'année suivante !

Ces résultats, qui contredisent les procédures artificielles et «  hors-sol » mises en œuvre pour évaluer les pesticides, doivent être rapprochés d'une vaste étude menée par des chercheurs américains et publiée dans Endocrine Reviews. Cette dernière démontre que de très nombreuses molécules possèdent des effets à « faible dose » bien plus dangereux que ce que les modèles théoriques ont établi jusqu'à présent, et que les « effets cocktail » (ingestion à faible dose de plusieurs molécules différentes) peuvent être gravissimes alors qu'ils sont ignorés par les procédures d'évaluation. Or, dans la nature et dans le monde réel, cet « effet cocktail » est permanent !

Pour l'association Agir Pour l'Environnement, il est urgent de revoir de fond en comble les procédures d'évaluation des pesticides et autres molécules chimiques, de façon à estimer enfin les « effets cocktails » tels qu'ils se produisent dans la vie réelle, et à prendre en compte les effets cumulatifs des faibles doses. Dans l'immédiat, et pour la survie des pollinisateurs et en particulier des abeilles domestiques, Agir Pour l'Environnement demande l'interdiction immédiate de tous les néonicotinoïdes.