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Pourquoi
cette campagne ?
Pour éviter d'en reprendre pour 50 ans
de nucléaire, c'est maintenant qu'il faut
agir !
Le saviez vous ? Nous avons échappé
de peu à une décision aux conséquences
considérables qui risquait d'être
prise d'ici la fin de l'année 1999 : le
lancement d'une nouvelle génération
de centrales nucléaires ! La décision
de construction d'un prototype d'EPR (European
Pressurised Water Reactor) était en effet
soumise au gouvernement par le " lobby nucléaire
". Ce réacteur serait destiné
à remplacer à terme les centrales
nucléaires actuellement en activité.
Grace à la pression des associations et
partis politiques écologistes organisé
dans la campagne contre un nouveau programme nucléaire,
le lobby a finalement battue en retrait : la décision
est reportée. C'est une première
victoire. Mais nous ne pourrons pas nous en contenter.
Car le lobby nous a souvent montré sa capacité
à contourner le citoyen. Nous voulons donc
obtenir une décision politique confirment
l'abandon du projet EPR.
La campagne d'Agir pour l'Environnement constitue
un outil de pression citoyenne pour toutes celles
et ceux qui refusent d'être mis devant le
fait accompli, alors qu'il existe des alternatives
possibles à la relance de la politique
nucléaire. Avec nous, dîtes NON à
un nouveau programme nucléaire, OUI aux
alternatives énergétiques et à
des processus de choix démocratiques.
Cette campagne relaie, sous forme de cartes postales,
la pétition " 100 000 signatures contre
un nouveau programme nucléaire français
" initiée il y a quelques mois par
le Réseau " Sortir du nucléaire
" en direction du Premier ministre. Agir
pour l'Environnement a réuni de nouveaux
partenaires pour accroître la pression,
et y a ajouté une carte postale destinée
au Président d'EDF, pour lui demander de
s'engager en faveur de l'alternative énergétique
au nucléaire.

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Les
objectifs
Cette campagne de pression citoyenne veut mobiliser
toutes celles et tous ceux qui refusent le fait
accompli d'un nouveau programme nucléaire
français, pour cela nous demandons :
Au Premier ministre :
> l'annonce officielle de l'abandon du projet
d'EPR,
> le rééquilibrage de la politique
énergétique française en
faveur des énergies renouvelables,
> un vrai débat démocratique
sur les choix énergétiques de la
France.
Au Président d'EDF :
> un engagement en faveur du développement
d'une alternative énergétique au
nucléaire,
> la décentralisation de la production
en harmonie avec les besoins en termes d'aménagement
du territoire et de l'emploi,
> l'abandon des campagnes de publicité
en faveur du chauffage électrique.

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Qu'est-ce
que l'EPR ?
L'idée en est née en 1989 de la
rencontre de Framatome et Siemens. Ils ont fondé
la société NPI (Nuclear Power International)
dans le but de développer un nouveau prototype
de réacteur nucléaire destiné
à remplacer les réacteurs actuels
en fonction en France et en Allemagne. La décision
du gouvernement allemand d'engager une sortie
progressive du nucléaire a rendu caduque
la partie germanique du programme. Reste la part
française.
Le parc électronucléaire français
actuel est composé de 58 réacteurs
répartis dans 19 centrales. Ces réacteurs
ont été mis en service entre 1977
et 1997. La question de leur remplacement par
un éventuel nouveau parc ne se posera pas
avant 2020-2025 (et même 2030-2035 si on
en croit EDF qui veut prolonger la durée
de vie de ses centrales). Entre la date de commande
d'un projet de centrale nucléaire et son
couplage au réseau il faut prévoir
entre 7 et 12 ans. Alors pourquoi précipiter
la décision, si ce n'est pour mettre les
citoyens devant le fait accompli ?
EPR, le réacteur du futur ???
Les promoteurs de l'EPR l'ont baptisé "
réacteur du futur ". En fait, il ne
constitue qu'un nouveau palier de réacteur
à eau ordinaire. Il arrive après
le palier dit " N4 " dont les 4 réacteurs
à Chooz et Civaux ont été
immobilisés pendant 1 an du fait de défauts
génériques. Avant de passer au palier
" N5 ", le minimum serait d'attendre
le retour d'expérience sur le N4
si
ces réacteurs d'un coût de 60 milliards
de francs finissaient par fonctionner !
Le titre de " réacteur du futur "
est de plus largement usurpé. L'EPR ne
répond ni au risque d'accident grave, il
ne résout en rien le problème de
la gestion des déchets, ni - en cas de
retraitement et d'utilisation du MOX - à
la prolifération du plutonium.
Enfin, notons que ce projet a déjà
coûté 1 milliard de francs d'investissement
de recherche. Le développement d'une tête
de série prototype coûtera au minimum15
milliards de francs sur 6 à 9 ans. Une
première série dépasserait
les 100 milliards de francs. Et bien sûr
ces coûts ne prennent pas en compte le démantèlement
du parc qu'il est censé remplacer.

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Surproduction
et pression à la consommation
Le parc électonucléaire français
est largement surdimensionné par rapport
aux besoins réels de la consommation énergétique
française. Pour écouler cette surproduction
EDF exporte à perte environ 18% de sa production
électrique soit l'équivalent d'une
dizaine de réacteurs nucléaires
sur 58 en fonctionnement. Elle encourage à
la surconsommation, notamment par le chauffage
électrique qui constitue 12 % de la consommation
électrique et 40% de la consommation des
ménages. Les conséquences sociales
sont dramatiques : des milliers de ménages
voient exploser leur facture et se retrouvent
incapables de payer. Vous avez dit " service
public " ?

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Nucléaire
ou démocratie, il faut choisir !
Nucléaire et démocratie n'ont jamais
fait bon ménage en France. Le programme
électronucléaire a été
imposé sans débat, et il a fallu
attendre 30 ans pour qu'un projet de loi sur la
transparence en matière nucléaire
soit évoqué et que la question de
la séparation du contrôleur et du
contrôlé en matière nucléaire
soit posée.
Selon un sondage Ifop paru le 22 janvier 99, 51%
des Français ont répondu qu'ils
étaient favorables à l'arrêt
total du nucléaire en France. 39 % sont
défavorables et 10% ne se prononcent pas.
Les jeunes eux sont défavorables à
61% et les femmes tous âges confondus à
56%.
Et selon un sondage commandé par le CEA,
EDF, Framatome et la COGEMA, en décembre
1997, 73% des français ne souhaitent pas
la construction de nouvelles centrales nucléaires,
17% sont pour l'arrêt des centrales existantes
: seuls 8% souhaitent la construction de nouvelles
centrales !

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Le
nucléaire n'a plus d'avenir
Autrefois présenté comme La solution
aux problèmes énergétiques,
le nucléaire est aujourd'hui plombé
par ses nombreux points faibles :
> la sûreté : la catastrophe de
Tchernobyl est restée dans les esprits.
Certes, depuis, aucun accident de même ampleur
n'est intervenu. Mais jusqu'à quand ? Peut-on
prendre le risque d'une nouvelle catastrophe majeure
? Les derniers accidents au Japon ou en Corée
ont par ailleurs démontré que l'accident
reste toujours possible en matière nucléaire.
Chaque année, des centaines d'incidents
ont lieu en France. Et le recrutement de plus
en plus fréquent d'intérimaires
et de sous-traitants rend la situation toujours
plus inquiétante. Le scandale des "
transports contaminés " a montré
que la soi-disant tradition de sûreté
d'EDF est largement surfaite.
> les déchets : trente ans après
avoir lancé le programme nucléaire,
on ne sait toujours pas quoi faire de ces déchets,
dont la nocivité est évaluée
en millions d'années. La " solution
" proposée par la loi Bataille (l'enfouissement
en grande profondeur) reviendrait à léguer
aux générations futures un cadeau
empoisonné, sans réversibilité
des décisions. Le plus raisonnable, si
on ne sait comment traiter ces déchets,
c'est d'arrêter d'en produire !
> le coût : le prix du kWh nucléaire
est largement sous-évalué. Il n'intègre
pas le coût de la recherche (subventionnée),
du démantèlement (sous-évalué)
et de la gestion des déchets (occultée).
Nous vivons aujourd'hui à crédit.
Malgré ces avantages considérables,
le nucléaire devient de moins en moins
compétitif. Si la France s'entête
dans ses choix, son économie pourrait se
retrouver largement handicapées, et le
retard pris sur les pays qui développent
des énergies nouvelles devenir irrattrapable.
> le déséquilibre du territoire
: la production d'électricité nucléaire
est hyper-centralisée. En conséquence,
les emplois générés sont
concentrés, ce qui entraîne des problèmes
considérables lorsque une centrale ferme.
De plus, pour transporter l'électricité
vers les lieux de consommation, on voit se multiplier
les lignes THT à très haute tension,
dont les conséquences environnementales
et sanitaires sont inquiétantes. En développant
des unités de production d'énergies
renouvelables plus petites, localisées
au plus près des besoins, on diminuerait
les pertes en ligne, on contribuerait à
l'aménagement du territoire, au développement
locale et à la création d'emplois.
La loi d'orientation d'aménagement et de
développement durable du territoire, dite
loi Voynet, devrait contribuer à favoriser
cette mutation.
> une énergie marginale au plan international
: le nucléaire ne représente aujourd'hui
que 5% de la production énergétique
mondiale. Et elle va décroître. Dans
le sillage de la Belgique et de l'Allemagne, les
pays européens abandonnent le nucléaire.
Les pays fédéraux abandonnent une
énergie trop centralisatrice. Le nucléaire
pose de gros problèmes de sécurité
en Europe de l'Est et son coût et l'ampleur
des investissements rendent l'énergie atomique
inadaptée pour les pays en voie de développement
qui doivent être en capacité de répondre
rapidement à la croissance de leurs besoins.
Pour toutes ces raisons, il n'est pas surprenant
que le rapport " Energie 2020 " du Commissariat
au Plan ne laisse aucun espoir au nucléaire
pour les décennies à venir
à condition d'avoir des alternatives crédibles.

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Les
alternatives énergétiques existent
On ne peut sortir progressivement du nucléaire
que si on est capable de proposer au moins une
alternative crédible. Et à une condition
: que cette alternative permette simultanément
de respecter les engagements internationaux de
la France en terme d'émissions de gaz à
effet de serre (les émissions de gaz qui
induisent un réchauffement de la planète
et menacent de générer des désordres
climatiques considérables). L'INESTENE
(Institut d'Évaluation des Stratégie
sur l'Énergie et l'Environnement) 0145650808
> a démontré que c'est possible
en combinant trois types de solutions :
> en faisant toutes les économies d'énergie
possibles, sans diminution de la qualité
de vie, on peut économiser facilement au
moins l'équivalent de 4 réacteurs
nucléaires. De nombreuses choses très
simples peuvent être réalisées
: utiliser des ampoules à basse consommation,
mieux isoler les logements, etc. On peut aussi
arrêter de promouvoir le chauffage électrique.
> les énergies renouvelables : l'éolien,
le solaire, la biomasse mais aussi la cogénération
peuvent contribuer très largement au remplacement
du nucléaire. La France était autrefois
à la pointe de la recherche, mais l'a abandonnée
pour favoriser le nucléaire. Jusqu'à
l'an passé, le budget de recherche sur
les renouvelables était inférieur
au budget de publicité d'EDF ! Aujourd'hui,
un pays comme le Danemark produit 10% de son électricité
avec des éoliennes de plus en plus performantes.
> mais ces deux premières ne suffiront
pas. Il faut leur adjoindre des centrales à
turbine au gaz dont les rendements sont aujourd'hui
beaucoup plus intéressants.
Des solutions alternatives existent donc. La meilleure
preuve étant que la plupart des pays se
passent et se passeront à l'avenir d'énergie
nucléaire. Il n'y a pas une solution, mais
une multitude de solutions. Après l'ère
tout-nucléaire, ne programmons pas l'ère
du tout-gaz, du tout-éolien, etc. Mais
utilisons chaque énergie pour ce qu'elle
sait le mieux faire.

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En
savoir plus :
> La France nucléaire, matières
et sites 2002 par Mary Byrd Davis
> Le nucléaire dans tous ses états.
Les enjeux nucléaires de la mondialisation,
Ben Cramer, Alias, 2002
> Sûreté des centrales et déchets
nucléaires. Eléments de débats.
La Documentation française, 2002
> Le nucléaire à la croisée
des chemins. Marie-Hélène Labbé,
Etudes de la Documentation française,2000
> Nucléaire : la démocratie bafouée,
Didier Anger, Editions Yves Michel, 2002
> Cahier de global chance : Maîtrise
de l'énergie et développement durable,
novembre 2002
> La Gazette nucléaire, une publication
du GSIEN (Groupement des Scientifiques pour l'Information
sur l' Energie Nucléaire), http://solar-club.web.cern.ch/solar-club/Gazette/
> Le site de Investigation Plutonium : http://www.wise-paris.org
> Le site de la CRIIRAD (Comité de Recherche
et d'Information Indépendante sur la Radioactivité)
: www.criirad.com
> Le site de la CRIIRAD sur Tchernoby : www.tchernobyl.org
> Un site de Greenpeace : www.electricitedeforce.com
> Le site du Réseau sortir du nucléaire
: www.sortirdunucleaire.org
> Le site de l'association Négawattt
: www.negawatt.org
> Le site du Réseau action climat :
www.rac-f.org
> Ecorev' n°10 - Scénarios pour
une France sans nucléaire, septembre 2002.

Extrait du N°10 d'Ecorev

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