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Pourquoi
cette campagne ?
Avec
une progression des ventes avoisinant les 20%
pour le premier semestre 2004, les véhicules à quatre
roues motrices ont le vent en poupe. Bénéficiant
d'une publicité incessante, les 4x4 représentent
désormais 5% du parc automobile français.
Contre toute attente et malgré les dénégations
des thuriféraires de ces véhicules,
ils sont majoritairement utilisés en milieu
urbain pour des trajets courts. Leur inadaptation
est donc criante mais l'air du temps semble
interdire toute remise en cause.
C'est
ainsi qu'un effet de mode purement compulsif,
tout droit venu des Etats-Unis, peut prospérer
dans et à proximité des zones urbaines
! Ces véhicules parmi les plus gourmands
en carburant utilisent égoïstement
une ressource naturelle précieuse tout en
accroissant encore un peu plus nos émissions
de gaz à effet de serre, responsables du
dérèglement climatique. Avec un poids
dépassant la tonne et demie, un gabarit
souvent hors de proportion et une certaine incivilité caractérisée
par des stationnements anarchiques permis par un
bas de caisse surélevé, les 4x4 sont
en partie responsables de l'insécurité routière
ambiante.
Alors
que le Gouvernement se penche sur cette question épineuse
tout en tergiversant à l'aide
de mesures dilatoires, le 4x4 se développe
et prend place dans le paysage courant, hors de
toute fonctionnalité. L'épuisement
des ressources naturelles, le dérèglement
climatique et l'insécurité routière
persistante réclament des responsables politiques
courageux à même de maîtriser
les achats irréfléchis de certains
automobilistes adeptes du « toujours
plus ».

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Les
demandes
La
mise en oeuvre d'un bonus/malus à l'achat
de véhicule neuf, annoncé précipitamment
par le Ministre de l'Ecologie, a été renvoyée à un
hypothétique accord européen, suite
aux pressions exercées par plusieurs ministres
relayant les récriminations des constructeurs
automobiles. Face à ce lobbying inacceptable,
nous demandons au Ministre des Transports, au
Président
de l'AMGVF et aux principaux constructeurs automobiles :
- de
généraliser un affichage clair identifiant les véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre grâce à un étiquetage de A pour les moins émetteurs à G pour les plus polluants ;
- de proscrire des centres
urbains les véhicules étiquetés
dans les catégories
E, F et G et limiter l'accès des véhicules
classés C et D lors des pics de pollution
de niveau 2 ;
- de relancer le projet de
malus pour l'achat des véhicules les plus
consommateurs et de réintroduire une taxe
annuelle frappant tous les véhicules particuliers,
proportionnelle aux émissions de gaz à effet
de serre et incluant les différentes options
comme la climatisation ;
- d'imposer un message
explicite -sensibilisant l'éventuel acquéreur
aux effets dramatiques du dérèglement
climatique- sur tout support publicitaire vantant
les mérites des 4x4 et autres
véhicules polluants ;
- de
promouvoir, par l'intermédiaire
d'incitations financières attractives
type crédit d'impôt, les modes
de déplacement écologiques comme
la marche à pied, le vélo, les
rollers, les bus, tramways et métros ;
- de rétablir le financement
des plans de déplacement
urbain et d'obtenir des collectivités locales
et de tous les établissements et organismes
publics qu'ils se dotent de plan de déplacement
d'entreprises.

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4x4... plus de pollution ?!?
Les véhicules à quatre roues motrices
polarisent, à raison,
l'attention des écologistes. Avec un argumentaire
"clef
en main" rédigé par leur
fédération, les acharnés du
4x4 tentent de brouiller les pistes en comparant
leur véhicule à des berlines et autres
familiales dont les consommations avoisinent parfois
celles des 4x4. Qu'en est-il en réalité ?
A partir de données transmises par les constructeurs
automobiles, il est possible d'établir
un étiquetage incontestable reposant, non
sur une catégorie de véhicules en
particulier, mais sur les émissions de gaz à effet
de serre et la consommation de carburant de chaque
véhicule.
Force
est de constater que ces chiffres font apparaître
les 4x4 en haut du classement des véhicules
les plus polluants, quelles que soient les dénégations
maladroites de leurs aficionados. Les émissions
moyennes de CO2 pour les véhicules neufs
tous terrains sont de 232 grammes de CO2 par
km, 146 grammes de CO2 par km pour les berlines
neuves. Chiffres en main, il est ainsi possible
d'identifier à l'aide
d'un étiquetage clair et lisible les automobiles
les plus polluantes.
Grâce à cet étiquetage,
chacun doit pouvoir comparer le prix d'achat
ainsi que le coût de fonctionnement pour
10.000 kilomètres en cycle mixte et urbain,
de même que les rejets de CO 2 . Sur le
modèle des produits électroménagers,
chaque véhicule doit être doté d'une
lettre, de A pour les moins polluants à G
pour les plus émetteurs. Pour que cet étiquetage
ne reste pas lettre morte, le Gouvernement
doit aider financièrement l'Agence
de l'environnement et de la maîtrise
de l'énergie à organiser
des grandes campagnes d'information sur
le sujet.

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4x4... plus sûrs ? Pour qui !!!
L’insécurité routière produit des effets paradoxaux. Au lieu de limiter une vitesse excessive en bridant des moteurs surpuissants, les constructeurs font preuve d’une imagination sans limites jouant la surenchère permanente entre les automobilistes et les autres usagers de la route. C’est ainsi que les 4x4 sont réputés plus sûrs pour le propriétaire dudit véhicule… Sécurité acquise aux dépends d’imprudents piétons ou cyclistes chez qui le risque de mortalité est trois fois supérieur si ce même 4x4 est impliqué dans un accident ! Claude GOT, accidentologue, indique que « face à une Twingo ou une Clio, il y a une telle asymétrie de poids que l'on sait à l'avance où seront les morts en cas de collision. En ville, la prolifération de ces engins polluants est une erreur manifeste. »
En plaçant le conducteur « au-dessus de la mêlée », celui-ci acquiert un sentiment de supériorité qui le conduit à accélérer imperceptiblement. Cette prise de hauteur aveugle corrélativement les autres usagers placés à l’arrière du 4x4. Les véhicules à quatre roues motrices ne sont donc ni plus sûrs pour leur conducteur dont le centre de gravité plus élevé entraîne un risque de tonneaux trois à quatre fois plus élevé, ni a fortiori pour les individus qui ont fait le choix de récuser la surenchère auto…tiste !
Face à l’hécatombe routière qui endeuille des milliers de familles chaque année, le Ministre des Transports doit avoir le courage de proposer enfin un bridage des moteurs à 150 km/h.

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Malus gouvernemental ?
La suppression de la vignette automobile a implicitement accru l’avantage de l’automobile sur d’autres modes de transport qui doivent directement payer leur infrastructure (comme le rail). Alors qu’il s’agirait au contraire d’internaliser les coûts environnementaux dans le prix d’achat et de fonctionnement d’un véhicule, les gouvernements successifs s’acharnent à soutenir financièrement les usages polluants aux dépens de ceux préservant l’environnement.
Cette façon irresponsable de se défausser sur les générations futures relève d’un sentiment d’impuissance trop répandu chez les décideurs politiques. En considérant la possession de 4x4 et autres automobiles surpuissantes comme la reconnaissance d’une certaine réussite sociale plutôt que comme un fait générateur d’une nuisance environnementale qu’il s’agirait de limiter, notamment en zone urbaine, les ministres de l’économie, des transports et de l’environnement abdiquent devant la puissance d’un lobby regroupant les pétroliers, les constructeurs automobiles et les entreprises de travaux publics.
Une taxe annuelle aurait pourtant une valeur pédagogique en renchérissant les produits énergivores tout en guidant le consommateur vers des achats moins nocifs pour l’environnement. Pour être acceptée, cette taxe doit être juste au regard d’un objectif politique reposant sur la santé publique et la préservation de la planète. Sur cette base, une taxe annuelle peut et doit frapper les véhicules les plus polluants à partir de données objectives reposant sur les émissions de gaz à effet de serre de chaque véhicule mis sur le marché. Afin de ne pas minorer la réalité de ces émissions, le calcul des rejets doit prendre en compte l’ensemble des options qui ont un impact direct sur le dérèglement climatique, comme la climatisation installée de série sur plus de trois véhicules sur quatre !
La France est le seul pays parmi les 15 de l’Union européenne (avant élargissement) à n’être doté ni d’une taxe à l’achat ni d’une taxe annuelle spécifique aux véhicules ! Nous demandons aussi au Gouvernement de mettre en œuvre au plus vite le projet de malus à l’achat pour les véhicules les plus polluants.

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Bonus écologique !
L’intérêt indiscutable du bonus/malus est le lien direct créé entre la taxe et son affectation. Par un effet de vase communicant, le malus équilibre le bonus. Mais l’annonce de la création d’un bonus/malus doit coïncider avec sa mise en œuvre, sous peine d’entraîner des effets pervers difficilement contrôlables. En précipitant l’annonce de la création d’une telle taxe/incitation, le gouvernement a pris le risque de pousser les futurs acquéreurs de 4x4 à anticiper l’achat de véhicules particulièrement polluants tout en incitant les automobilistes plus responsables à repousser le leur en attendant l’aide fiscale promise.
Il y a donc urgence à appliquer ce qui a été annoncé en juin 2004 ! D’autant que chacun mesure bien l’intérêt écologique qui consiste à soutenir financièrement les pratiques écologiques comme la marche à pieds, les rollers, le vélo, les déplacements en bus, tramways et métro. Exclure ces modes de déplacement du bonus reviendrait, une nouvelle fois, à aider des véhicules moins polluants… mais polluants quand même, et ce aux dépens des modes de déplacement réellement écologiques.
Attendre un très hypothétique accord européen pour mettre en œuvre une telle mesure disqualifierait pour longtemps le gouvernement auteur d’un tel effet d’annonce non suivi de mesures concrètes.

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Une société des pétrooliques anonymes
La jungle urbaine est peuplée d'Indiana
Jones en mal d'espaces à conquérir… dont
le mode de déplacement est un 4x4 !
Cette mode grotesque prêterait à sourire
si elle n'entraînait pas une surconsommation
démesurée de carburant, frôlant
pour certains modèles les 25 litres aux
100 kilomètres tout en rejetant, pour chaque
kilomètre parcouru, l'équivalent
d'un ½ kg de CO2 , climatisation en
fonctionnement !
Les
collectivités locales ont le devoir de
pallier l'inaction de l'Etat en adoptant
des mesures réglementaires permettant
de limiter certains accès aux véhicules
particulièrement
polluants. Sans attendre l'introduction d'un
bonus-malus ou l'évolution des comportements,
les agglomérations et villes densément
peuplées peuvent, sur la base des données émises
par l'Ademe, établir une liste des
modèles très polluants à proscrire
immédiatement de certaines zones et une
deuxième liste moins coercitive qui entrerait
en application lors des pics de pollution de niveau
2.
Parce
qu'il s'agit de sauver l'équivalent
de 10.000 vies par an écourtées
par une pollution atmosphérique de fond,
parce qu'il s'agit également
de limiter notre impact sur le dérèglement
climatique et enfin, parce que nous n'avons
pas le droit d'épuiser égoïstement
les ressources naturelles précieuses que
nos enfants nous envieront en nous maudissant,
un sevrage nécessaire doit nous conduire à réapprendre
la sobriété et la simplicité, à mille
lieux des chevauchées embouteillées
des conducteurs de 4x4.

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PDU : les financements en plan
La gestion des transports en milieu urbain ne peut
reposer exclusivement sur des incitations fiscales
individuelles, fussent-elles très pertinentes !
C'est la raison pour laquelle les Plans de déplacement
urbains (PDU), outils issus de la Loi sur l'air
adoptée en 1996, obligent les villes de
plus de 100.000 habitants à se doter d'un
plan visant à réduire la pression
automobile et offrir des alternatives écologiques.
Mais
malgré l'intérêt d'outils
reposant sur la subsidiarité, l'Etat,
par son désengagement financier unilatéral,
porte une lourde responsabilité. Depuis
trois ans, les subventions d'investissement
ont chuté, entraînant de fait une
suspension d'n grand nombre de projets
de transport en commun en site propre comme les
tramways. Pourtant, tant que les infrastructures
manqueront, les discours sur la pollution et
ses conséquences resteront sans lendemain.
Il
n'en reste pas moins que sans attendre,
les collectivités
locales doivent s'astreindre à respecter
la loi sur l'Air en se dotant d'une
flotte de véhicules propres et proposer à leurs
administrés un bonus local à l'achat
de vélos ou à l'tilisation
régulière des transports en commun.

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Agir pour l'Environnement
- 2, Rue du Nord - 75018 Paris - Tél. 0140310237
- [email protected] -
2008 |
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