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Pourquoi
cette campagne ?
Alors
que le gouvernement de Nouvelle Zélande
annonce une politique " Zéro Déchet
" en 2015, que la ville de Toronto projette
de fermer toutes ses décharges d'ici 2010,
et bien que la Corse ait réduit la distribution
des sacs de caisses de plus de 80% depuis le 1er
août 2003, le gouvernement français
se fixe timidement un objectif de stabilisation
de la production d'ordures d'ici 2008 !
En 25 ans, la quantité de déchets
ménagers en France a été
multipliée par trois. Aujourd'hui, un ménage
français produit en moyenne 500 kg de déchets
chaque année. Les emballages représentent
à eux seuls 30% des ordures ménagères
en poids et 50% en volume. Ceci témoigne
de " l'échec patent de la réduction
à la source " des déchets ménagers,
dénoncé dans un récent rapport
du Commissariat général du plan.Les
pouvoirs publics expriment haut et fort leur satisfaction
envers le système de collecte sélective,
de recyclage et de valorisation des déchets
ménagers.
Celui-ci pêche pourtant
par son mode de financement, son efficacité
partielle et sa philosophie même qui privilégie
le curatif au détriment d'une approche
préventive. Nombreux sont les déchets
organiques qui ne sont pas valorisés par
compostage ou méthanisation, les recyclables
qui aboutissent dans des décharges sauvages
ou des incinérateurs. Les déchets
souillent alors les paysages, les sols, les cours
et nappes d'eau, l'air et jusqu'à nos propres
corps ! Nous devenons les réceptacles de
substances toxiques et dangereuses, de nocivité
reconnue comme les dioxines, ou susceptibles d'effets
imprédictibles. Enfin, la décomposition
incontrôlée des déchets organiques
dans les décharges et l'incinération
des plastiques contribuent au changement climatique.
La
loi sur les déchets, qui devrait être
présentée au Parlement fin 2004,
doit être l'occasion de résorber
enfin les causes plutôt que de tenter, une
fois de plus, de gérer maladroitement les
conséquences d'une société
reposant sur le " tout jetable " !

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Les
objectifs
La
multiplication des incinérateurs et décharges
est l'une des graves conséquences de l'accroissement
constant de la production des déchets ménagers
et des emballages. Seule une politique globale
et ambitieuse de prévention de la production
des déchets permettra de mettre un terme
à cette fuite en avant. En sus d'un comportement
citoyen responsable, le gouvernement, les collectivités
locales, les producteurs de déchets ménagers
et les distributeurs doivent :En matière de prévention :
1. Définir des objectifs précis
et budgétés de prévention
de la production et de la toxicité des
déchets ; l'objectif " zéro
déchet " doit être inscrit dans
la loi. Cette politique devra reposer en amont
sur des stratégies intégrées
de production et, en aval, sur le développement
de filières de valorisation organique (compost,
méthanisation) et de filières de
valorisation-matière (réparation,
réutilisation
) dynamisées
par l'éco-conception et le retour de la
consigne. Cette politique devra également
intégrer des outils d'éducation
scolaire et de sensibilisation publique à
la prévention des déchets ;
2. Mettre en place une fiscalité verte
dissuasive et défavorable au sur-emballage,
aux produits à vie courte et au caractère
toxique ou éco-toxique des produits ; instaurer
une redevance locale de gestion des déchets
à l'exemple de la pesée embarquée
irlandaise ;
Pour une application effective de la législation
et du principe de précaution :
3. Fermer enfin les milliers de décharges
non autorisées et ne rejeter dans les décharges
autorisées que les déchets dits
" ultimes " ;
4. Décréter un moratoire sur la
construction de tout nouvel incinérateur
; réduire les déchets à la
source en fermant corrélativement les incinérateurs
en fonctionnement ;
5. Soutenir et renforcer le programme européen
REACH de réforme de la réglementation
chimique par l'inclusion d'un dispositif de substitution
obligatoire des substances dangereuses par des
alternatives plus sûres.

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La
prévention des déchets... mieux
vaut trois fois qu'une !
La
prévention de la production de déchets
recouvre l'ensemble des mesures et actions situées
en amont de la prise en charge des déchets
par un opérateur ou par la collectivité.
Ces actions contribuent à limiter les impacts
des déchets sur l'environnement et la santé,
et facilitent leur gestion ultérieure grâce
à la réduction des quantités
et de la nocivité des déchets produits
ou/et de leur caractère valorisable. La
prévention a donc un aspect quantitatif
(réduire le volume des déchets)
et qualitatif (réduire leur nocivité).
Appliquer le principe des 3R - Réduction,
Réutilisation, Recyclage, participe à
cette prévention, reconnue comme fondamentale
dans le droit européen tout comme en droit
français depuis 1975
Réduire
notre production quotidienne de déchets,
c'est possible !
1. REDUCTION
des déchets à la source
Une
source d'inspiration
Parce
qu'une limitation effective de nos déchets
commence par des gestes simples, individuels et
quotidiens, il est nécessaire de :
- Refuser les sacs plastique en apportant un sac
personnel réutilisable (panier, caddie,
sac en tissu...) ;
- Ne pas acheter de produits en portions individuelles
ou en doses (riz en sachets pré-dosés,
sucre en dosettes, biscuits en sachets individuels,
thé en sachets...). Le café en mini
doses, par exemple, utilise 10 fois plus d'emballages
qu'en paquet de 250g ! ;
- Bannir les produits jetables tels que rasoirs,
stylos, lingettes nettoyantes, vaisselle jetable,
appareils photos... ;
- Boire l'eau du robinet plutôt que l'acheter
en bouteille plastique, en se dotant éventuellement
d'une carafe filtrante ou d'un filtre au robinet
;
- Eviter la vente à emporter qui génère
de nombreux déchets ;
Parce que la réduction des déchets
doit tout aussi bien être quantitative que
qualitative, il est également nécessaire
de :
- Limiter le recours systématique aux piles
qui sont à l'origine d'une importante pollution
en optant plutôt pour des piles rechargeables,
des appareils mécaniques ou pouvant se
brancher sur le secteur ;
- Privilégier l'utilisation de produits
naturels exempts de substances chimiques se substituant
aux produits d'entretien comme l'eau de javel,
les insecticides, les herbicides et pesticides
dont les conséquences sur l'environnement
sont extrêmement néfastes ;
- Privilégier, pour la construction et
la décoration de l'habitat, des matériaux
naturels et sains pour le revêtement du
sol, la peinture, le traitement du bois
en évitant au maximum les produits synthétiques.
A
chaque produit jetable correspond une alternative
durable. Il appartient donc au consommateur d'effectuer
le bon geste (penser aux guides et aux organismes
de conseils) ; mais aussi au producteur et au
distributeur industriel de préparer la
fin de vie de leurs produits dès la conception
(éco-conception), de mettre sur le marché
des produits durables... Il revient en outre à
l'Etat et aux collectivités de former et
d'informer les citoyens, de l'enfant à
l'adulte, sur la prévention de la production
des déchets, de donner un cadre juridique
contraignant approprié, de se montrer exemplaire
sur le sujet
2. REUTILISATION
: un éternel recommencement !
La
réutilisation intervient après la
phase d'évitement. On peut distinguer deux
grandes voies de réorientation " en
fin d'usage ", permettant d'éviter
l'abandon, donc l'apparition du déchet
:
- Les échanges locaux entre particuliers
: ce sont les brocantes, les bourses, les dépôts-ventes
- Les dispositifs de détournement des flux
de déchets. On peut citer les " Ressourceries
" ou Emmaüs, où sont récupérés
toutes sortes d'objets qui sont réparés
et ensuite revendus, favorisant ainsi la réutilisation
de déchets dans les circuits de consommation
courante et par ailleurs la réinsertion
sociale. Enfin, on peut soi-même réparer
plutôt que de jeter et racheter.
Qui plus est, le retour de la consigne contribuerait
beaucoup à la réduction de nos déchets.
3.
RECYLAGE : le mythe de Sisyphe
Le
recyclage, qui constitue le dernier volet de cette
politique de prévention, permet d'économiser
les matières premières en transformant
et en réintroduisant les matériaux
dans le circuit économique plutôt
que de les brûler ou de les enfouir. Toutefois,
il faut bien garder à l'esprit que le procédé
reste polluant et qu'on ne peut pas recycler à
l'infini. Enfin, le recyclage peut avoir un effet
déresponsabilisant lorsqu'il rend anodin
le geste de jeter puisque " ce n'est pas
grave, ça se recycle "
!
Le recyclage permet donc d'éviter un gaspillage
des ressources mais ne doit pas nous faire perdre
de vue la nécessité de réduire
notre consommation !

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Chassons
les décharges illégales
Illégales
par la nature des déchets qu'elles reçoivent
ou par le manque d'autorisation d'exploiter, les
décharges hors normes sont aujourd'hui
légion. Il en existerait en France entre
1400 (selon les autorités françaises)
et 9000 (selon le Parlement européen) !
Alors que la directive européenne sur la
mise en décharge impose, depuis 2001, la
mise en conformité ou la fermeture de ces
décharges illicites, le gouvernement traîne
les pieds
Sous l'il réprobateur
de la Commission européenne, le Ministère
de l'écologie vient de requérir
des préfets un recensement exhaustif des
décharges sauvages
à défaut
de leur fermeture !
La loi de 1992 avait fixé la date butoir
du 1er juillet 2002 pour ne rejeter en décharges
que les déchets dits " ultimes "
c'est à dire " qui ne peuvent plus
être traités dans les conditions
techniques et économiques du moment ".
Or, aujourd'hui, force est de constater que près
de 45% de nos déchets y arrivent encore
contre 55% en 1992 ! A ce rythme, le " zéro
déchet " sera atteint en 2058
En attendant, les " jus de décharge
" - eau de pluie infiltrée et chargée
en bactéries et substances chimiques -
polluent eaux souterraines et eaux de surface,
sont fixés par l'herbe qui alimente le
bétail, par les poissons, se retrouvent
dans l'eau utilisée pour l'arrosage, etc.
En pourrissant, les déchets organiques
émettent du méthane, un puissant
gaz à effet de serre ; si cette réaction
était contrôlée (méthanisation),
ce biogaz pourrait constituer une source d'énergie
renouvelable.
Paradoxalement, les décharges illégales
restent tolérées par certaines autorités
locales. Cet aveu de faiblesse incite de fait
les pollueurs à continuer leurs exactions

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L'incinération...
j'en suis malade !
Alors
qu'il existe aujourd'hui plus de 120 incinérateurs
répartis sur toute la France, il est annoncé
une " pénurie " de ces usines
dans 75 départements d'ici 2010. Le gouvernement
propose non pas le renforcement des objectifs
et moyens d'une politique de réduction
des déchets à la source, mais la
création de nouveaux incinérateurs
! Or, ces installations sont très coûteuses,
font une consommation démesurée
des ressources naturelles, rejettent des substances
chimiques dangereuses pour la santé et
fournissent peu d'emplois.
Parce que rien ne se perd, tout se transforme,
les déchets enfournés dans les incinérateurs
ressortent sous forme d'autres déchets
(fumées, cendres et mâchefers) parfois
plus toxiques que les déchets initiaux.
Les dioxines sont les déchets les plus
dangereux car elles s'avèrent facilement
assimilables et accumulables par le corps humain
et ont un caractère cancérigène
reconnu. Outre le cancer, les dioxines provoquent
des malformations à la naissance et détraquent
notre système hormonal (diabète,
maladies du cur
) et immunitaire (moins
grande résistance aux maladies infectieuses
).
Plusieurs études témoignent du lien existant
entre l'incinérateur et le développement
du cancer chez ses riverains. Avec les "
nouveaux " incinérateurs, c'est à
dire ceux qui répondront à la directive
européenne 2000/76/CE et à l'arrêté
du 20 septembre 2002 au plus tard en 2005, la
quantité de dioxines rejetées dans
l'air par rapport à 2002 devrait être
divisée par dix. La sécurité
sanitaire sera-t-elle pour autant garantie ? Rien
n'est moins sûr car - aussi faibles soient-elles
- les émissions de polluants persistants,
dioxines, métaux lourds et autres sous-produits
de la combustion, participent à la contamination
globale de l'environnement et à l'accumulation
de toxiques dans le corps humain avec de potentiels
effets irréversibles sur l'enfant en développement.
Les supports sur lesquels sont transférés
les toxiques des fumées, cendres, refioms
- résidus d'épuration des fumées
- et leurs filtres doivent à leur tour
être stabilisés. Leur réintroduction
dans l'environnement sous forme de matériaux
est absurde et leur mise en décharge, quand
bien même elle serait sûre, livre
aux générations futures un héritage
bien malsain.

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Emballé...
c'est pesé !
Le
principe de la pesée embarquée,
adopté par l'ensemble des agglomérations
irlandaises au 1er janvier 2005, consiste à
faire payer à chaque ménage la quantité
des déchets qu'il produit. A contrario,
la Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères
(TEOM) française, est basée sur
la valeur locative de l'habitation qui n'a absolument
rien à voir avec le mode de consommation
des ménages et leurs efforts de réduction
des ordures !
Cette TEOM, appréciée des collectivités
locales pour les réaffectations budgétaires
qu'elle autorise et pour la facilité de
son augmentation, est incapable d'atteindre l'objectif
recherché : dissuader de jeter toujours
plus. Mettre en place une redevance locale de
gestion des déchets, à l'exemple
de la pesée embarquée irlandaise,
permettrait de prévenir efficacement la
production de nos déchets.

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Pour
la surtaxe du suremballage et du jetable !
Si
l'utilité de l'emballage pour certains
produits ne fait aucun doute pour des raisons
de conservation, d'information et de praticité,
multiplier les emballages de produits comme les
fruits s'avère tout à fait superflu.
De plus, dans le cycle de vie des biens que nous
consommons, la production et le traitement sont
les étapes les plus énergivores
et les plus nocives pour l'environnement et la
santé. Réemployer un produit plutôt
que de le jeter après une utilisation unique
ou de courte durée s'avère donc
être une alternative plus durable.

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Le
point vert : des pollueurs trop peu payeurs
Figurant
sur plus de 90% des emballages, le logo "
Point Vert " signifie non pas que le produit
peut être recyclé, mais que le fabriquant
de cet emballage cotise à une société
(Eco-Emballages ou Adelphe) chargée de
valoriser les déchets des emballages qu'il
produit.
Cette cotisation est dérisoire par rapport
au coût réel de la prise en charge
des emballages. Elle représente 30% environ
du coût total (le complément étant
payé par les habitants). L'insuffisance
de cette cotisation n'incite pas les industriels
à modifier leur process ou à supprimer
le sur-emballage, autrement dit, à réduire
les déchets à la source.
Une application stricte du principe " pollueur-payeur
", reconnu dans le code de l'environnement,
devrait pourtant faire supporter par les industriels
l'essentiel des coûts de la gestion des
emballages !

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Agir pour l'Environnement
- 2, Rue du Nord - 75018 Paris - Tél. 0140310237
- [email protected] -
2008 |
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