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Pourquoi
cette campagne ?
A l'issue d'un
débat national sur les énergies
inconsistant, le Gouvernement s'apprête
à autoriser la construction d'un prototype
de centrale nucléaire dit " EPR "
(European Pressurized Reactor), bien qu'un nombre
important de protagonistes du dossier récusent
le bien fondé d'un tel choix. L'Etat français
tend, une nouvelle fois, à reprendre in
extenso un argumentaire pro-nucléaire reposant
sur des simplifications et omissions inacceptables
!
Or, la future
loi d'orientation sur l'énergie engagera
pour plusieurs décennies la politique énergétique
de notre pays. Bien que ce prototype ne soit que
le dernier avatar d'une technologie déjà
cinquantenaire, l'Etat français, Areva
et EDF semblent prêts à engager plus
de 3 milliards d'euros pour prolonger l'exception
nucléaire française, à l'aide
d'une technologie qui n'apporte aucun élément
de réponse nouveau aux trois principaux
problèmes que pose le nucléaire,
à savoir : le risque d'accident majeur,
la prolifération et les déchets
à vie longue ! En surcapacité électrique
chronique, la France n'a pourtant pas besoin de
nouvelles centrales avant plusieurs décennies.
La seule urgence
pour la France est de mettre en uvre une
véritable politique de maîtrise de
l'énergie et de développement des
énergies renouvelables. Mais force est
de constater qu'il n'existe pas d'ambition en
ce domaine. Alors que de nombreux pays européens
misent fortement sur l'efficacité énergétique
et les énergies renouvelables, la France
prend un retard considérable en s'acharnant
à défendre le "tout nucléaire".
Canicule estivale, intempéries
hivernales, risques sismiques et terroristes,
prolifération nucléaire, déchets
dont on ne sait que faire, etc. : le nucléaire
est un mode de production énergétique
qui n'est pas maîtrisé. Même
s'il connaît les réticences d'une
majorité de français, le Gouvernement
tente une nouvelle fois de passer en force. Avant
que ne soient prises des décisions irrévocables,
un rapport gouvernemental et un rapport contradictoire
faisant appel à une expertise indépendante
du lobby nucléaire et de l'Etat, puis une
conférence de citoyens, doivent être
réalisés pour évaluer les
conséquences du choix de l'EPR.

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Les
objectifs
La précipitation avec
laquelle le Gouvernement cherche à imposer
l'EPR relève d'un dogmatisme caractéristique
de la politique énergétique française.
Soumis à la pression d'un lobby extrêmement
structuré, le Gouvernement est tenté
d'écourter le débat en privilégiant
une technologie nucléaire loin de faire
l'unanimité. Nous demandons donc au Président
de la République, au Gouvernement et aux
Parlementaires français :
1. de surseoir sine die à
toute décision visant à construire
un prototype EPR ;
2. de publier ou de faire publier un rapport gouvernemental
complet et un rapport contradictoire pour cerner
objectivement, dans le cadre de scénarios
prospectifs diversifiés d'évolution
de la consommation d'énergie à moyen
et long terme, la pertinence économique
et les risques inhérents au développement
de l'EPR en France, puis d'organiser une conférence
de citoyens ;
3. de fixer, dans le cadre de la loi d'orientation
sur l'énergie, un objectif absolu et chiffré
en matière de réduction des consommations
d'énergie et de développement des
énergies renouvelables à différents
horizons de temps (2010, 2015, etc.).
4. de proposer des politiques de maîtrise
de l'énergie sectorielles claires et ambitieuses
aux objectifs, moyens et calendrier précis,
notamment dans les domaines du bâtiment,
de l'entreprise et des transports.

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L'EPR
réinvente l'eau chaude...
Paré de
toutes les vertus, le futur réacteur EPR
n'est pourtant qu'une énième version
des réacteurs traditionnels à eau
pressurisée. De l'aveu même des défenseurs
de ce prototype qui le qualifient d'évolutionnaire,
le réacteur ne rompt pas fondamentalement
avec les modèles précédents,
n'améliorant que marginalement certains
défauts trop voyants. C'est ainsi qu'en
matière de sécurité, de productivité,
de coût et même d'environnement, le
prototype EPR n'est pas à la hauteur des
enjeux du siècle à venir.
Sans contester le caractère
effectif de quelques avancées techniques
-qui soulignent implicitement les défaillances
des centrales nucléaires actuelles !-,
l'EPR reste et restera un modèle du XXe
siècle, d'ores et déjà dépassé.
Cette obsolescence consubstantielle doit conduire
le gouvernement à abandonner la construction
de l'EPR.
PLUS sûr ?
En multipliant les dispositifs de sûreté,
comme la double enceinte de protection du bâtiment
réacteur, l'EPR tente de répondre
aux critiques qui ont fait suite à l'explosion
de Tchernobyl. Ce type de prévention tente
de limiter l'impact potentiel d'une fusion de
cur avec libération de radioéléments
dans l'atmosphère. Or, " l'EPR n'intègre
pas une sûreté aussi grande que possible,
mais aussi grande que possible à un coût
jugé raisonnable ", affirme l'équipe
de Global Chance. Cette logique économique
conduit les promoteurs de l'EPR à ignorer
le risque de chute d'un avion commercial sur une
centrale au lieu d'en faire une exigence réglementaire
Risque effectivement improbable pendant les 60
prochaines années, période de fonctionnement
de cette centrale !
MOINS de déchets
?
Le combustible privilégié par les
concepteurs de l'EPR est le MOX, composé
pour partie d'uranium et pour partie de plutonium.
N'ayant comme unique intérêt que
de renforcer la cohérence du système
nucléaire français en légitimant
le centre de retraitement de la Hague (qui produit
ce plutonium), l'utilisation de MOX engendre directement
un risque accru de prolifération de plutonium.
En généralisant l'usage de combustible
à base de plutonium, on dissémine
le risque nucléaire sur des sites autres
que ceux affectés à la production
d'électricité : centre de retraitement
de la Hague, usine Mélox, routes françaises
sur lesquelles le MOX est transporté
Si des centrales alimentées
par le MOX sont construites, les déchets
qu'elles produiront seront in fine du même
volume et du même poids que les déchets
des centrales actuelles. Ni plus ni moins de déchets,
mais des déchets plus fortement irradiés
seraient ainsi engendrés.
PLUS économique
?
L'affirmation selon laquelle l'électricité
nucléaire serait parmi les moins chères
à produire est contestée de toutes
parts. Cela n'empêche pas la Direction Générale
de l'Energie et des Matières Premières
(DGEMP), haut lieu du lobby nucléaire sous
tutelle du Ministère de l'Industrie, de
produire des évaluations de coûts
extrêmement compétitifs. Malgré
les biais méthodologiques, rien ne vient
ébranler les certitudes du Ministère
de l'Industrie dans ses propres estimations. C'est
ainsi que, pour baisser le prix unitaire de la
construction d'un prototype EPR, la DGEMP mutualise
les coûts de recherche et d'investissement
en fondant ses calculs sur la construction d'une
série de dix centrales en France. Bien
qu'il soit inutile d'accroître la production
électrique de plus de 20% -ce qui résulterait
de la construction de dix réacteurs- alors
que la France exporte déjà 20% de
son électricité, l'évaluation
est considérée comme raisonnable.
Le coût d'investissement de la DGEMP est
inférieur de 22% à l'évaluation
relevée dans le rapport " Etude économique
prospective de la filière électrique
nucléaire ", effectué par Messieurs
Charpin, Dessus et Pellat à la demande
de Premier ministre Lionel Jospin en 2000. Selon
Benjamin Dessus, l'un des auteurs de ce rapport,
" la fiabilité de tels coûts
prévisionnels basés sur la seule
estimation des industriels et sans aucune référence
aux coûts constatés, est évidemment
très douteuse. "
MOINS d'effet
de serre ?
Le nucléaire est régulièrement
présenté comme étant "
LA " solution miracle à l'épineux
problème de l'augmentation des émissions
de CO2 dans l'atmosphère qui est à
l'origine des changements climatiques. Certes,
le nucléaire produit peu de gaz à
effet de serre. Toutefois, pour maintes raisons,
il ne peut se substituer complètement aux
sources d'énergie fossiles. Tout d'abord,
il faudrait multiplier par dix la production d'électricité
nucléaire d'ici 40 ans et construire pendant
cette même période près de
4000 réacteurs, si l'on voulait agir de
façon un tant soit peu significative sur
le cumul des émissions mondiales de gaz
carbonique d'ici 2050 (au niveau de 10% par exemple).
Ce choix représenterait un coût d'investissement
colossal estimé à plusieurs dizaines
de milliards d'euros, multiplierait d'autant plus
les risques sanitaires, environnementaux et géo-stratégiques
(prolifération des foyers et des déchets
radioactifs, y compris dans les pays les plus
instables) et constituerait pour finir une option
tout à fait irréaliste d'un point
vue technique (au plus fort de l'expansion du
parc nucléaire mondial, 38 réacteurs
ont été raccordés au réseau
nucléaire en un an).
Rappelons que l'essentiel des émissions
françaises de gaz à effet de serre
provient de l'usage de l'énergie dans les
transports, les bâtiments, l'industrie et
l'agriculture. Ce sont des secteurs d'activités
qui ne sont pas susceptibles, dans un avenir prévisible,
d'avoir recours à l'électricité
d'origine nucléaire. Pour respecter ses
engagements pris dans le cadre du Protocole de
Kyoto, à savoir maintenir pour 2008 - 2012
ses émissions de gaz à effet de
serre au niveau de 1990, la France doit par conséquent
mener en priorité une politique ambitieuse
de réduction des émissions dans
ces secteurs.

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Le
nucléaire contre la démocratie ?
Alors que la France est susceptible
de faire le choix d'un outil technologique qui
serait utilisé pendant 60 ans et engendrerait
des déchets hautement radioactifs pour
des millénaires, rien ne semble prévu
pour consulter les citoyens sur des décisions
nous engageant sur le long et très long
terme. Notre démocratie vacille devant
des temps dépassant de très loin
le mandat de l'élu décisionnaire.
Notre responsabilité collective
à l'égard des générations
futures devrait conduire les décideurs
politiques à récuser toute précipitation
en la matière afin de consulter les citoyens
et d'aboutir à un consensus. Devant cet
enjeu démocratique, le lobby nucléaire
s'agite en coulisse. A technologie centralisée
et non transparente
décision verrouillée
et obscure ?!
Rien n'empêche la publication
d'un rapport gouvernemental puis d'un rapport
contradictoire cernant objectivement, dans le
cadre de scénarios prospectifs diversifiés,
la pertinence économique et les risques
inhérents au développement de l'EPR
en France. Ces rapports pourraient être
suivis d'une conférence de citoyens permettant
d'exposer objectivement les tenants et les aboutissants
du prototype EPR, sans fuir les risques et les
enjeux. Jamais en France ce débat n'a eu
lieu, traduisant de fait une peur irrépressible
des responsables politiques envers les citoyens
et leur jugement sur le nucléaire en général
et sur l'EPR en particulier.
La décision de construire
une nouvelle centrale nucléaire, a fortiori
quand tous les pays européens renoncent
les uns après les autres au nucléaire,
doit être le fruit d'un débat collectif
approfondi et d'un consensus reposant sur des
arguments objectifs connus et acceptés
de tous.

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Produire
plus ou consommer moins ?
A échéance de 20 à
30 ans, la France n'a pas besoin de nouvelles
sources de production électrique d'ampleur.
Victimes d'une vision productiviste, les responsables
politiques reproduisent les erreurs qui ont conduit
la France à se doter d'un appareil de production
électronucléaire totalement surdimensionné
engendrant exportations à prix cassés
et pertes d'énergie sur les lignes à
haute tension. La volonté de construire
une nouvelle centrale EPR, alors que la France
exporte d'ores et déjà massivement
son électricité, est un non-sens
économique. Mobiliser l'équivalent
de trois milliards d'euros dans un prototype ajoutant
de la surproduction à la surproduction
s'inscrit une nouvelle fois dans une politique
qui nie les besoins réels pour imposer
un outil technologique qui ne fera qu'accroître
le gaspillage énergétique, type
climatisation ou chauffage électrique.
Selon les estimations du rapport
" Etude économique prospective de
la filière électrique nucléaire
", une politique de maîtrise de l'énergie
liée à une diversification ambitieuse
de la production repousserait tout besoin électrique
supplémentaire de plusieurs décennies.
Malheureusement, la mainmise du lobby électronucléaire
impose ses vues sur l'appareil d'Etat, et cela
en dehors de toute objectivité. Les experts
de Global Chance indiquent qu' " il ne sera
pas nécessaire avant 2028 ou 2033, selon
les durées de vie du parc, d'introduire
de nouveaux moyens nucléaires. Bien entendu,
des programmes plus ou moins ambitieux de maîtrise
de l'énergie retarderaient ces échéances.
"
Malgré ces mises en garde
répétées d'experts indépendants,
la DGEMP n'hésite pas à préconiser
le lancement immédiat d'un prototype EPR,
préconisation ne reposant sur aucun scénario
crédible ni validé à la suite
de débats contradictoires.
En s'enfermant de la sorte
dans une logique jusqu'au-boutiste, le lobby nucléaire
tente de reprendre la main après une décennie
pendant laquelle les citoyens ont massivement
refusé le "tout nucléaire".
Or, en poussant sans discernement à la
construction de l'EPR, les tenants du nucléaire
prennent le risque de soutenir un prototype technologiquement
peu novateur, économiquement peu rentable
et toujours aussi dangereux

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Maîtrisons
notre avenir !
Au-delà des discours grandiloquents
en faveur de la maîtrise de l'énergie
que tout le monde reconnaît comme indispensable
pour réduire les émissions de gaz
à effet de serre et sortir du nucléaire,
le livre blanc sur les énergies édité
par le Ministère de l'Industrie -précédant
le vote d'une loi sur l'énergie- semble
malheureusement peu volontariste sur le sujet.
La faiblesse et la discontinuité
des moyens dédiés à l'Agence
de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (Ademe) sont à mettre
en parallèle avec la puissance de frappe
des producteurs d'énergie, dont l'objectif
premier est d'accroître encore et toujours
la consommation finale. Confondant encore trop
souvent le " plus de consommation "
avec le " mieux être ", le Ministère
de l'Industrie tergiverse en gagnant du temps
grâce à des propos dilatoires non
suivis d'effets !
Le triptyque " Réglementation
/ Incitation financière / Information "
doit être traduit dans une loi sur la maîtrise
de l'énergie afin de diviser par deux la
consommation française d'énergie,
seul objectif compatible avec la nécessaire
division par quatre des émissions de gaz
à effet de serre, reconnue comme objectif
ultime de la politique énergétique
française. Un objectif chiffré et
contraignant décliné pour les secteurs
du bâtiment, des transports et de l'industrie
doit être inclus dans cette loi.

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10
gestes pour sauver notre planète
1. Eteindre les veilles des appareils
électroménagers (additionnées,
celles-ci peuvent consommer 400 kWh par an, soit
10% de la consommation électrique des ménages).
2. Utiliser un couvercle pour faire bouillir de
l'eau (pour maintenir 1,5 litre d'eau en ébullition
sans couvercle, il faut une puissance de 720 watts
; avec un couvercle, 190 watts suffisent).
3. Remplacer les ampoules conventionnelles par
des lampes fluocompactes (elles consomment quatre
à cinq fois moins et économisent
donc près de 1000 kWh pendant leur durée
de vie).
4. Eteindre la lumière en quittant une
pièce.
5. Limiter la température intérieure
d'une habitation à 19°C et à
16°C dans les chambres (chaque degré
supplémentaire consomme 7% d'énergie
en plus).
6. Sécher son linge à l'air libre
ou dans un local bien ensoleillé (un sèche-linge
consomme environ 500 kWh par an, soit 15% de la
consommation électrique).
7. Généraliser progressivement les
appareils électroménagers étiquetés
dans la catégorie A (en France, une politique
ambitieuse dans ce domaine permettrait d'économiser
plus de 12 milliards de kWh).
8. Abandonner le chauffage électrique (entre
un tiers et un quart de l'énergie produite
est réellement utilisée pour chauffer
l'air de la pièce) et éviter la
climatisation.
9. Remplacer les chauffe-eau électriques
par des chauffe-eau solaires (un capteur solaire
peut assurer 40 à 70% des besoins annuels
d'eau chaude).
10. Bien disposer le mobilier d'une pièce
pour profiter de la lumière naturelle.

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Pour
un renouveau des renouvelables
Bien que certaines énergies
renouvelables atteignent une maturité technico-économique
avérée, la France continue à
nier le potentiel de ces nouvelles énergies.
Selon Greenpeace, sur une même durée,
" un programme éolien de même
coût total que la tête de série
EPR produirait clairement plus de courant à
son apogée (2,3 fois plus), soit près
de 24 TWh par an, contre 10 TWh pour le réacteur
nucléaire ". De plus, une directive
européenne invite les Etats membres à
accroître sensiblement la part des renouvelables
dans leur production énergétique.
La France se doit, d'ici à 2010, d'atteindre
une part de 21% d'énergies renouvelables
dans sa consommation d'électricité.
L'attentisme conservateur s'ajoutant aux pulsions
pro-nucléaires de certaines administrations,
notre pays prend un retard technologique considérable,
retard qui se traduira un jour ou l'autre par
un coût de licence que nous devrons payer
aux Etats moteurs sur le sujet. Ce retard porte
dès aujourd'hui préjudice aux pays
en développement qui pourraient bénéficier,
par effet d'apprentissage et économies
d'échelle, d'un plus grand accès
aux énergies renouvelables si seulement
les pays développés comme la France
en utilisaient plus.
Au-delà des discours en faveur
d'un rééquilibrage entre le nucléaire
et les énergies renouvelables, la loi d'orientation
sur l'énergie doit fixer les grandes lignes
à atteindre à échéance
de 10, 20 et 30 ans en matière d'énergie
renouvelable (éolienne, solaire, géothermique,
cogénération, bois-énergie
).
Des tarifs d'achat incitatifs et une simplification
administrative devraient conduire la France sur
le même chemin que celui emprunté
depuis une dizaine d'années par l'Allemagne,
le Danemark, l'Espagne et d'autres pays européens.

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Agir pour l'Environnement
- 2, Rue du Nord - 75018 Paris - Tél. 0140310237
- [email protected] -
2008 |
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