La multiplication des illuminations de Noël, à l’approche
des fêtes de fin d’année, entraîne chaque année
un gaspillage énergétique considérable. Ce scintillement
embrase nos villes et campagnes à tel point que cette course au chatoiement
généralisé réussit le tour de force d’éteindre
la nuit ! Chaque année, nous assistons donc à une explosion de
lumières artificielles dont les conséquences climatiques et énergétiques
sont incontestables. Par mimétisme ou concurrence, le recours à ces
illuminations intervient de plus en plus tôt dans l’année, éclairant
les zones et rues commerciales dès les premiers
jours de novembre ! Pire, certaines illuminations restent allumées 24h/24h,
sept jours sur sept, quatre mois durant !!
Cette
campagne de mobilisation citoyenne ne préconise pas l’arrêt des
festivités en période de Noël
mais postule que cet excès revêt
un caractère symptomatique d’une
société de surabondance et de gaspillage.
Ces illuminations sont aux décorations
de Noël ce que les 4x4 sont à l’automobile,
une façon de briller en société mais
qui débouche sur une éclipse partielle
de notre lucidité écologique. Une
fois encore, nous ne pouvons que constater la
césure existante entre les grands discours
sur le civisme écologique et une réalité moins
radieuse…
Climat
: Briller de mille feux !
Ces illuminations sont d’autant plus malvenues
qu’elles interviennent à une époque
de forte consommation électrique. Or,
durant ces pics de consommation électriques,
la France, bien que dotée d’une
surcapacité chronique d’électricité nucléaire,
ne peut répondre à la demande qu’en
recourant aux vieilles centrales thermiques,
charbon et pétrole notamment. Selon un
document interne de l’Ademe et de RTE qu’Agir
pour l'Environnement s’est procuré,
chaque kilowattheure supplémentaire consommé pour
l’éclairage, en période de
forte demande électrique, aurait un bilan
carbone frôlant les 600 à 700 grammes
de CO2/kWh !
Le
nucléaire, alpha et oméga
de la politique énergétique française,
n’a pas la flexibilité lui permettant
de suivre une demande en dents de scie. Ces illuminations
de Noël génèrent un effet « boule
de neige » du plus mauvais effet puisqu’elles
interviennent, par définition, en période
hivernale ET en période nocturne. Or,
c’est précisément entre 18
h et 21 h que la demande électrique atteint
un pic avoisinant les 80 000 à 90 000
mégawatheures de puissance appelée.
En exacerbant cette demande à un moment
particulièrement mal venu, ces illuminations
forcent la France à se doter de nouvelles
capacités de production électrique
inutiles 99 % du temps ! Pire, ces quelques pics
de consommation nécessitent un réseau
surdimensionné de pylônes supportant
des lignes à très haute tension
permettant le transport de l’électricité ;
un impact durable sur les paysages et sur la
santé des riverains pour une utilisation
tout à fait épisodique !
Maîtriser
l'énergie : Une idée lumineuse...
Prestige et grandiloquence amènent un
certain nombre de collectivités locales
et de grandes chaînes de magasins à généraliserdes
décorations lumineuses qui ont un coût
financier non négligeable. Durant l’hiver
2007, certaines villes ont investi plus d’un
million d’euros pour animer leurs rues,
soit l’équivalent de 25 euros par
administré dans certaines communes ! Ces
investissements somptuaires laissent songeursen
période de vaches maigres budgétaires.
Ce gaspillage électrique est un signal
négatif et extrêmement voyant envoyé à toutes
celles et ceux qui n’attendent qu’un
geste pour justifier leur inaction.
Il
est temps que les responsables politiques et économiques fassent preuve de clairvoyance
en cessant d’adopter systématiquement
le dernier gadget à la mode, gadget qui
devient vite un modèle à suivre
et un style de vie. Chaque lampe allumée
est une invitation au gaspillage et un message
implicite à récuser le bienfondé de
la politique de maîtrise de l’énergie.
Par
effet d’entrainement, certains particuliers
ont progressivement recouvert leurs habitations
de lampes, alourdissant leur facture électrique
pour le plus grand bonheur des fournisseurs d’énergie.
Un moyen simple et efficace de réduire
ses dépenses énergétiques
est donc de limiter le recours à cette
cohorte d’ampoules énergétivores
et climaticides. L’éclairage extérieur
doit être limité dans le temps et
provenir d’ampoules basses consommation
type fluo compacte ou diodes électroluminescentes
(LED), de façon à prolonger leur
durée de vie et réduire sensiblement
leur consommation unitaire. Mais quoi qu’il
en soit, cette efficacité énergétique
améliorée ne doit pas justifier
une multiplication du nombre de lampes, au risque
de perdre d’un côté ce qui
a été gagné de l’autre.
Pollution
lumineuse et biodiversité : La guerre des étoiles
?
Plus généralement, les illuminations
contribuent à la pollution lumineuse qui
nuit à l’environnement nocturne.
En dix ans, le nombre de points lumineux a augmenté de
30 % en France : en recourant à la lumière
artificielle, l’alternance du jour et de
la nuit s’estompe et les spots de lumière
sont une source de dégradation des écosystèmes.
En témoigne ces nombreux cas de mortalité accrue
d’oiseaux migrateurs sur des sites sensibles
: la mise en lumière de la première
section de l’autoroute A16 qui relit Dunkerque
et Boulogne fut ainsi à l’origine
d’un nombre anormalement élevé d’oiseaux
morts aux abords de l’autoroute.
En
ville, la lumière artificielle attire
les insectes qui deviennent la cible de tous
les prédateurs en se concentrant en un
seul et même endroit. La grande majorité des
espèces de chauves-souris, ne chassant
que dans une obscurité totale, déserte
les clochers, les lieux historiques, les cavités à cause
d’un éclairage digne de mégas-parcs
d’attraction. De ce fait, certaines espèces
ont totalement disparu des régions urbanisées.
Avec plus de 8,7 millions de points lumineux,
l’ensemble des animaux sont perturbés
dans leur orientation ou présentent des
troubles du rythme biologique. A la ville comme à la
campagne, les habitants ont donc un rôle
majeur à jouer pour permettre à nos
enfants de s’endormir en écoutant
le chant des chouettes… ou d’observer
le ciel étoilé, de plus en plus
difficile à distinguer dans les halos
de villes-lumières.