[Trois questions à...] Hélène Gassin au sujet de sa candidature à la présidence de l'Ademe

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Hélène Gassin est vice-président de la région Ile de France en charge de l'environnement et de l'énergie. Elle représente l'Association des Régions de France au sein du CA de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et a décidé de présenter sa candidature à la présidence de cet organisme ; et ce face à la candidature de François Loos, ancien ministre de l'industrie et soutenu par l'Etat. Hélène Gassin, ancienne responsable de la campagne nucléaire chez Greenpeace France nous explique les raisons de son choix.

Edit - résultat du vote :  Loos 14, Gassin 8, abstention 2, blanc 1 #caademe

Pourquoi avez-vous souhaité déposer votre candidature à la présidence de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, et ce en alternative à celle de François Loos ?

Hélène Gassin : Les administrateurs et administratrices de l’Ademe (dont l’ARF) ont découvert dans la presse que Philippe Van de Maele était démis de ces fonctions et que François Loos, député et ancien ministre de l’industrie, serait nommé à sa place par le gouvernement. Aucune explication ni motivation n’ont été fournies, pas même aux représentantEs des salariéEs ! Considérant que l’Agence est un instrument essentiel pour nos territoires et qu’elle mérite mieux que de changer de présidence brutalement tous les 1 à 2 ans, nous avons souhaité à la fois protester contre cette méthode mais aussi présenter une candidature alternative faisant sens : les politiques de maîtrise de l’énergie, de prévention des déchets etc sont éminemment territoriales. Nous tarvaillons au quotidien avec les délégations régionales de l’Ademe et il est parfaitement légitime que cette dimension s’incarne aussi dans la Gouvernance.

Que faudrait-il faire pour enfin engager la France sur la voie de la transition énergétique ?

Hélène Gassin : Les politiques nécessaires sont connues et documentées : économies d’énergie, énergies renouvelables, mode de transports doux…. Aujourd’hui nous avons un très fort besoin de cohérence et de stabilité dans les politiques. Les à coups, va et vient et renoncements du Gouvernement en la matière sont catastrophiques. Mettre en mouvement des territoires et des acteurs nécessite de la visibilité, de la constance, des moyens stables et prévisibles…

Un exemple : comment peut on sérieusement déplorer qu’il n’y ait pas de filière industrielle française du solaire photovoltaïque comme le fait actuellement le Gouvernement quand c’est justement la politique menée par la majorité actuelle qui casse systématiquement le marché ? Pourquoi est-ce qu’un industriel développerait des usines dans un pays ou les règles changent toute le temps ? Aujourd’hui plus de 20 000 emplois sont en jeu dans cette seule filière mais ceux là, le gouvernement ne nous en parle jamais !

Sur la rénovation des bâtiments c’est pareil, on change tout tout le temps, comment voulez-vous enclencher une dynamique sérieuse ?

Aux yeux du chef de l'Etat, le débat sur l'énergie se résume à la formule caricaturale "le nucléaire ou la bougie". Est-ce qu'à l'Ademe, dont l'une des missions est de soutenir la maîtrise de l'énergie, on séclaire à la bougie ?

Hélène Gassin : En tout cas pas pendant les conseils d’administration ! Mais la maîtrise de la demande d’électricité est de toute façon un sujet tabou dans notre pays, et une des limites de l’action actuelle de l’Ademe. Pour que cette Agence ait du poids, encore faudrait-il qu'au sommet de l'Etat, on cesse la caricature et qu'on entre enfin de plein pieds dans une politique énergétique responsable qui doit reposer sur trois pieds : la maîtrise de l'énergie, l'efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables.

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