Prix de l’eau : Les citoyens payent le prix des pollutions agricoles !

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Article en réaction au rapport du ministère de l’écologie sur « les coûts des principales pollutions agricoles de l'eau » discrètement rendu public. Nous y apprenons que les citoyens payent le prix fort pour une pollution dont ils ne sont pas responsables.

Un rapport qui se fait discret

Quelques jours avant la publication au Journal Officiel d’un décret signé par le Premier Ministre, la Ministre de l’environnement et le Ministre de l’agriculture et qui va permettre d’augmenter jusqu'à 20%  les quantités d’azotes épandus sur les sols agricoles, le Ministère de l’écologie a discrètement rendu public un rapport intitulé « le coût des principales pollutions agricoles de l’eau ».

L’usage généralisé d’azote et de pesticides fait considérablement augmenter le prix du service de l’eau. C’est la conclusion de ce rapport qui évalue le coût direct du traitement de la pollution des eaux liée à l’action agricole à 54 milliards d’euros par an. Les auteurs du rapport, qui font parti du commissariat général du développement durable (CGDD), annoncent également que 88,7% des nitrates retrouvés en milieu aquatique et marin proviennent de l’agriculture et de l’élevage.

Les citoyens payent le prix fort pour une pollution dont ils ne sont pas responsables

On pourrait penser que le coût de cette pollution est supporté par les agriculteurs et les éleveurs, auquel cas s’appliquerait le principe du pollueur-payeur, seulement ce ne sont pas les agriculteurs qui payent mais bien les citoyens puisque sur les 1.000 à 1.500 millions d’euros annuels que coûtent les pollutions diffuses agricoles, le CGDD estime que la facture d'eau en est alourdie de 640 à 1.140 millions d’euros par an.

Si l’on rapporte ces chiffres à hauteur d’un ménage moyen, le surcoût de la facture d’eau peut  aller jusqu’à 215 euros par an, or, ce n’est pas aux citoyens de payer pour la pollution engendrée par les activités agricoles et d’élevage intensifs, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un bien commun vital (qui, par conséquent, ne devrait pas avoir de prix.)

Une politique agricole dissuasive pour l’agriculture biologique

Cependant, le problème est plus profond car si les activités agricoles polluent autant les sols et, dans ce cas, les cours d’eau et les nappes phréatiques, c’est aussi liée à une mauvaise volonté de l’Etat dont les politiques encouragent le productivisme et les activités gourmandes en produits chimiques au lieu de prôner des agricultures respectueuses de l’environnement. La CGDD cite d’ailleurs un rapport de la cour des comptes paru en 2010 qui pointe largement l’insuffisante volonté de l’Etat en ce sens, aussi bien au niveau national que communautaire.

L’agriculture biologique est le mode de production le plus performant face aux dégâts sanitaires et environnementaux des pesticides et des engrais chimiques. Pourtant, elle est fortement défavorisée par le dispositif d’aides de la Politique Agricole Commune (entre 10 et 40 % d’aides PAC en moins, à cause des choix techniques bio), ce qui n’est que très partiellement compensé par des aides spécifiques à la bio. L’étude de la CGDD montre que le surcoût technique apparent de l’agriculture biologique est une illusion : si le coût des pollutions agricoles de l’eau est rapporté à l’hectare, c’est bien l’agriculture chimique qui coûte le plus cher à la collectivité !

Respectons notre environnement, notre sol et notre eau !

Afin d’éviter que les citoyens payent plus cher un bien commun et supportent le coût d’une pollution dont ils ne sont pas responsables, pour respecter notre environnement, nos sols et surtout notre eau, élément vital, il faut que l’Etat prenne ses responsabilités et mette en place des programmes régionaux ambitieux de reconquête de la qualité de l’eau, privilégiant enfin la prévention. C’est toute la politique agricole nationale et européenne qui doit évoluer, de façon à prendre en compte les coûts environnementaux et sanitaires des différentes formes d’agriculture et de mettre fin à la distorsion de concurrence déloyale vis-à-vis de l’agriculture biologique.

Agir Pour l’Environnement, en partenariat avec 26 organisations agricoles, environnementales, rurales et de solidarité internationale, fera prochainement des propositions en ce sens. Tenez vous prêt à AGIR : inscrivez vous au Courriel Action.

Le rapport intégral : le coût des principales pollutions agricoles de l’eau