Notre-Dame des Landes : Un point de basculement historique

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C’est l’histoire d’un aéroport contestable et d’un référendum contesté ; et réciproquement...

Point de vue de Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement

C’est l’histoire d’un aéroport contestable et d’un référendum contesté ; et réciproquement.

C’est aussi l’histoire d’une classe politique, rompue à l’art d’avoir raison, arc-boutée sur une légitimité élective qui s’érode à vue d’œil et vivant la mobilisation citoyenne comme une concurrence démocratique déloyale !

Notre-Dame des Landes est tout à la fois un village, le site d’un projet d’aéroport et le symptôme d’une mal-gouvernance persistante.

Non content de tenter d’imposer un projet qui a le goût acrimonieux des trente glorieuses et de son pétrole coulant à flot, le premier ministre cherche désormais à nous faire vapoter son kérosène à l’aide d’une consultation locale.

Seuls les habitants du département de la Loire-Atlantique seront appelés à donner leur avis. « Pourquoi » se demanderont quelques esprits chagrins ? Parce que le premier ministre ne souhaite pas poser une question mais obtenir un soutien ! Il pose donc la question à celles et ceux dont ils estiment qu’ils pourraient soutenir le projet. Peu importe que ce projet soit d’envergure nationale, que son impact climatique et énergétique dépassent largement le cadre de la Loire-Atlantique.

Peu lui importe qu’un rapport officiel, établi par les services du ministère de l’écologie, remette en cause l’utilité publique du projet ; que ce même rapport émette des doutes sur le caractère démesuré du projet d’aéroport ; que ce document du Commissariat général au développement durable puisse conduire à privilégier la rénovation de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique. Tous les plus beaux rapports du monde n’y changeront rien. Capricieux, il est ; capricieux, il restera.

Le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes reflète crument cette aptitude qu’ont nos élus aux dénis écologiques et démocratiques. Au fond, cet aéroport, ils s’en contrefichent ! Ce qu’ils souhaitent, c’est entretenir le feu prométhéen d’une croissance infinie. Entre une terre agricole et une piste d’atterrissage, un progressisme mal digéré les entraîne à choisir le bruit du moteur et l’odeur du kérosène. En scellant leur destin à celui d’un aéroport décrié, cette classe politique se solidarise à un modèle qui vit pourtant ses dernières heures.

Et ce n’est pas un référendum cosmétique organisé pour les besoins de la cause qui sauvera ces enfants gâtés de la démocratie.

Fêtons donc ce projet d’aéroport pour ce qu’il représente : un point de basculement vers une transition écologique. Le symptôme d’un monde qui se meurt ; la chrysalide d’une démocratie qui renaît par la lutte, la rencontre et les fraternités qui se nouent.

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