Le grand retour des pubs pour les 4x4 urbains ?

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Parce qu’un publicitaire a la mémoire courte mais le sens de la formule (c’est son métier !), nous assistons depuis peu au grand retour de la promotion du 4x4 en zone urbaine.

Billet de Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement et auteur du livre « Hold-up sur l’écologie – Les fossoyeurs de l’écologie au chevet de la planète »

Faisant suite à la crise qu’a connue le secteur automobile en 2008 (faute de s’adapter et d’anticiper les crises climatiques et énergétiques), le publicitaire s’attache aujourd’hui à rebaptiser l’horrible 4x4 en l’affublant du doux nom de « crossover ».

Il est en effet plus présentable de vendre un « crossover » qu’un vulgaire 4x4, à fortiori en zone urbaine, particulièrement inadapté à l’évolution de véhicules lourds, énergivores et volumineux.

Parce que les aides financières octroyées généreusement par un Etat français sans le sou n’ont pas été conditionnées à des efforts écologiques ou au maintien de l’emploi, sitôt la crise oubliée, les constructeurs font donc feu de tout bois pour vanter les mérites des véhicules qui les ont conduits dans le mur, voilà trois petites années.

Nissan diffuse, comme nombre de ces partenaires-concurrents, un spot dans lequel il vante les mérites d’un 4x4, le Nissan Juke Deezer. Tourné exclusivement en ville, le spot n’hésite pas, au détour d’une séquence, à mettre en parallèle un métro et ce véhicule, comparant implicitement ces deux modes de déplacement. Pire, le spot publicitaire associe l’usager des transports en commun à un rat (16è seconde), faisant entrer un rongeur dans une rame de métro.

Parce que les stratégies des publicitaires sont aussi lourdes qu’un 4x4 en zone urbaine, la promotion d’un simili-camion ne peut aller de paire qu’avec la tentative d’associer l’image de l’usager du métro à celle d’un animal perçu comme aimant la promiscuité, la saleté et vecteur de germes pathogènes.

Le conducteur du 4x4 de Nissan est, quant à lui, présenté sous un jour favorable. Le conducteur du « crossover » n’est évidemment pas filmé en train de faire un plein de carburant, bloqué dans un embouteillage, engendrant particules fines et rejets de CO2.

Insidieusement, par association d’image et d’idées, publicitaires et vendeurs de 4x4 assimilent l’usager des transports en commun à un rat des villes. Agir pour l’Environnement va saisir l’Autorité de Régulation des Professionnels de la Publicitaire afin d’obtenir la condamnation de Nissan.