Aéroport de #NDDL - Trois questions à Dominique Fresneau, Co-président de l'ACIPA

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Depuis une semaine, une centaine de CRS et gendarmes mobiles procèdent à de violentes expulsions des opposants au projet d'aéroport de Notre Dame des Landes sur la  Zone d'aménagement différée (la ZAD), rebaptisé "Zone à Défendre" (ZAD) par les militants.

Dominique Fresneau, co-président de l'ACIPA (Association citoyenne Intercommunale des Populations concernées par l'Aéroport de Notre Dame des Landes) est sur place et réponds à nos trois questions suite à la brutalité policière de ces derniers jours et à l'obstination de Jeans Marc Ayrault à poursuivre un projet inutile.

1- Des expulsions violentes ont lieu depuis le 16 octobre à Notre Dame des Landes. Que s'est-il passé exactement et pourquoi?

Le préfet des Pays de la Loire a décidé d'évacuer la zone prévue pour la construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes, l'évacuer de ses habitants en commençant par les sans droits ni titres (souvent nommés les squatters). Il a mis en place une opération militaire (opération "César") en mobilisant 1200 gendarmes/CRS ,par roulement de 500 en permanence sur Zone pour évacuer et détruire des maisons squattées et des lieux de vies (cabanes construites par les occupants) sur des terrains en friche. Le but recherché étant de vider la zone de ses habitants et surtout de ses opposants au projet d'aéroport. Contrairement aux occupants légaux, locataires, propriétaires et agriculteurs qui bénéficient de la protection d'un accord signé le 8 Mai 2012 avec le PS (pas d'expulsions avant la fin des recours juridiques), les squatters (une bonne centaine de personnes) sont donc les premiers à être expulsés manu-militari et pour être sûr qu'ils ne reviennent pas, le préfet fait détruire les habitations (rasées par les pelleteuses, transportées par de nombreux convois de camions et recyclées on ne sait où), tout ceci sous la protection des militaires.
Les demandes de rendez-vous au préfet faites par les associations et le collectif d'élus sont restées sans réponses pendant les 10 premiers jours des opérations, il a tout de même accepté de nous recevoir ce jour (jeudi 25).

2-Où en est la situation aujourd'hui et comment réagit la population locale?

Manque de chance pour le préfet, la résistance est forte (quelques maisons sont néanmoins détruites mais des lieux de vie sont encore vaillamment défendus), les squatters sont soutenus par les populations locales qui, choquées par le déploiement militaire, les interdictions de circuler sur les routes qui traversent la zone, leur prête assistance et logistique, des militants arrivent en nombre, des actions ont lieu partout en France et de nombreux messages de soutien arrivent de toute l'Europe et même du Québec.
Les associations anti-aéroport manifestent dans tout l'Ouest et même à Paris pour dénoncer la destruction purement gratuite de ces habitations et l'expulsion de la centaine d'habitants qui l'accompagne alors que:
-  L'hiver s'annonce,
-  De nombreux "sans toit" frappent déjà à la porte des institutions pour des logements, sans résultat,
-   La ville de Nantes fait évacuer des familles entières occupant des lieux publics lui appartenant,
-   Les travaux concernant le projet d'aéroport ne sont pas prévus dans les lieux détruits avant au moins 1 an (réfutant le caractère urgent des expulsions).
Nous ne voulons pas que la zone se vide, squatters, militants et paysans sont unis dans un même combat, cette présence militarisée sur l650ha, le refus de la part des autorités de laisser les associations se réunir dans son lieu de prédilection "La Vacherit", les difficultés faites au agriculteurs pour travailler sur leurs terres et le millier de bombes lacrymogènes lancé sur les squatters n'ont eut comme conséquences que de resserrer les liens des opposants à l'aéroport de Notre Dame des Landes.

3- Que peut-on espérer pour la suite?

Des manifestations de réinstallation/reconstruction sont prévues, les recours juridiques (loi sur l'eau, expropriation, cours européenne des droits de l'homme et d'autres suivront..) et la mobilisation grandissante, nous permettent de voir l'avenir sous des cieux pas aussi sombres que les porteurs de ce projet souhaiteraient. Ce qui nous rassure aussi c'est le fait qu'on puisse créer une telle panique dans ce gouvernement, ils savent tous que ce projet est un boulet attaché au pied de Jean-Marc Ayrault, les ministres ne veulent pas nous recevoir, même François Hollande reste muet aux 9 courriers qui lui ont été adressés depuis cet été, personne ne doute plus que ce projet est un fiasco monumental, un GPII (Grand Projet Inutile Imposé), mais ils craignent tellement que les opposants obtiennent l'arrêt de ce projet, qu'ils commettent nombre d'erreurs: Opération "César", 1200 gendarmes, pour un coût de 500 000 €, contre des squatters armés de carottes et de navets, c'est cher une opération de communication, surtout quand elle est ratée et ce n'est pas fini, leur crainte de voir s'écrouler leur château de cartes n'a pas fini de les faire paniquer.

Site web de l'Acipa: http://acipa.free.fr/

Le site de la "Zone à défendre": http://zad.nadir.org/

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